Le directeur général de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), M. William Lacy Swing, a souligné lundi à Rabat que les politiques de repli identitaire, de fermeture des marchés de l'emploi et des frontières sont "regrettables", dans la mesure où elles contribuent à renforcer certains préjugés à l'encontre des migrants et à alimenter la xénophobie au sein des populations d'accueil.
Ces politiques expliquent la baisse des transferts d'argent des immigrés vers les pays en voie de développement, a affirmé M. Swing à l'ouverture de la conférence internationale sur "l'impact des crises sur la migration", qui se tient les 12 et 13 octobre à Rabat sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI.
"En 2008, ces flux financiers ont atteint les 328 milliards de dollars, alors que la Banque Mondiale prévoit, en 2009, une baisse de 7,3 pc", a-t-il précisé.
M. Swing a déploré, à ce titre, que les migrants, notamment les moins qualifiés, soient régulièrement exclus du marché du travail ou bien perçus, dans le meilleur des cas, comme une simple réserve de main d'œuvre taillable et corvéable à merci que l'on peut recruter et licencier en fonction des fluctuations des économies nationales.
Les migrants, a-t-il rappelé, jouent un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté dans les pays d'origine, par leur capacité à rapatrier des fonds. Les familles sont souvent dépendantes de ces entrées d'argent pour satisfaire des besoins élémentaires tels que l'alimentation, le logement, la santé et l'éducation, a-t-il souligné.
Aussi, M. Swing a-t-il appelé les gouvernements à prendre conscience du rôle positif que les migrants peuvent jouer dans la croissance et le redressement économique et ne pas céder à la tentation de restreindre l'accès à l'emploi ou de fermer leurs frontières aux migrants en période de crise économique.
"Il est donc essentiel de lutter contre la +marchandisation+ des immigrés en mettant les droits des migrants au cœur de toutes les politiques migratoires.
Ces droits sont indispensables pour faire en sorte que la migration contribue positivement à la fois au développement des individus et des pays d'origine et de destination", a-t-il affirmé.
Pour sa part, le gouverneur de Bank Al Maghrib, M. Abdellatif Jouahri, a expliqué l'impact de la crise économique sur la contribution des MRE dans l'économie marocaine.
Le gouverneur de Bank Al Maghrib a, par ailleurs, rappelé les mesures prises par le Maroc pour aider les MRE à affronter les effets de la crise. Il a cité à ce titre la création d'un fonds d'aide à l'investissement destiné à inciter les MRE à investir davantage dans leur pays d'origine.
Côté accès à la propriété, M. Jouahri a cité l'extension de la garantie Damane Assakane aux MRE afin de permettre à cette catégorie de la population d'acheter ou de construire un logement avec des facilités de crédit. En vue de booster la relance des transferts de fonds, les banques marocaines, a-t-il ajouté, ont également décidé de suspendre les commissions prélevées sur les transferts des MRE et de rééchelonner leurs dettes.
La séance d'ouverture a été marquée par la présence de MM. Mohamed Ameur, ministre délégué chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger, Nizar Baraka, ministre délégué chargé des affaires économiques et générales, Jamal Rhmani, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle et Abdellah Bousouf, secrétaire général du CCME ainsi que plusieurs ambassadeurs.
La conférence est organisée par le ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger et l'OIM, en partenariat avec le ministère des affaires étrangères et de la Coopération, le ministère des affaires économiques et générales, le conseil de la communauté marocaine à l'étranger, la Fondation Hassan II pour les MRE et le PNUD.
Se proposant d'étudier l'impact des crises, particulièrement la crise économique actuelle, sur le phénomène migratoire, aussi bien dans les pays d'origine que dans les pays d'accueil, elle réunit d'éminents experts internationaux et de hauts responsables politiques représentant une vingtaine de pays.
Source: InfoMaroc