Les participants à une rencontre à Montréal sur les "murs et frontières en relations internationales" ont plaidé, vendredi, pour la levée de toute genre de barrières pour édifier "un monde et une mondialisation plus justes, plus humains et plus ouverts ".
"Les murs sont dans les têtes avant d'être sur le sol, entraînant hostilité mutuelle, xénophobie et ségrégation, dans le souci de se prémunir contre la perception des menaces extérieures voire intérieures", ont fait savoir les participants à cette rencontre réunissant des universitaires et des chercheurs en relations internationales représentant différents pays, dont le Maroc.
Ils ont indiqué que 20 ans après la chute du mur de Berlin, "murs et barrières délimitent encore d'importantes frontières dans le monde et même si la barrière physique disparue, un mur subsiste toujours dans les têtes".
Les différents panélistes, dont des chercheurs, universitaires et experts au sein du Centre d'Etudes internationales de Rabat, se sont interrogés sur la question du retour du mur en relations internationales et les facteurs qui ont conduit à cette résurgence de cette culture des barrières.
"L'après-guerre froide et l'après 11 septembre ont vu apparaître des murs frontaliers, symboles que l'on croyait disparus dans les affres de la décolonisation" et "définitivement éradiqués" avec la chute du mur de Berlin, ont-ils déploré.
Ces conférenciers ont fait savoir que depuis le 11 septembre 2001, des "murs", frontières physiques, sont réapparus dans plusieurs régions notamment en Palestine et à Chypre et à la frontière mexicano-américaine et au Cachemire tels des "symboles de sécurité" révélant une nouvelle ère des relations internationales.
Ils ont relevé qu'aux murs frontaliers connus sont venus s'ajouter, après la guerre froide, l'annonce de plus d'une vingtaine d'"ouvrages maçonnés" pour marquer les frontières infra et interétatiques.
Pour séparer ou protéger, la version actuelle du mur pourrait correspondre à la "polarisation" du monde à la suite des attentats du 11 septembre 2001 et constitue le révélateur d'une nouvelle ère des relations internationales, fondée sur la "perception" de l'autre, indique-t-on lors de ce colloque organisé par la Chaire Raoul-Dandurand de l'Université de Québec à Montréal (UQAM).
Cette rencontre de deux jours a été l'occasion de voir dans quelle mesure ce possible "retour" du mur en relations internationales pourrait être "symptomatique d'une nouvelle ère des relations internationales".
Il s'agissait d'explorer le rôle encore insuffisamment étudié de la place des murs dans les relations internationales en favorisant une perspective multidisciplinaire sur diverses problématiques dont "la récurrence ou le déclin des murs", "les murs infranationaux", "les murs entre droit international, droit local et absence de droits", "les murs anti immigration entre pays forts et faibles : un échec de la diplomatie de bon voisinage?", "les murs et les identités", "les stratégies de contournement des murs", "murs mentaux et souveraineté", "murs économiques" et "l'industrie des murs, les no man's lands générés par les murs".
Parmi les thèmes abordés lors de cet événement, qui a vu la participation d'une centaine de conférenciers, figurent aussi les murs de l'histoire, discours globalisant, retour des frontières, le droit du mur, les murs de droit, impacts des murs, les murs et les identités et des études de cas.
Source : MAP