L'expo sur les 50 ans d'immigrations turque et marocaine a pris ses quartiers au CTLM. Petite visite en compagnie de Necati Celik, directeur du SIMA.
Avez-vous le sentiment que cette exposition qui met en lumière l'histoire des immigrations turques et marocaines à Verviers est perçue comme une initiative importante par les familles issues de ces immigrations ?
Oui, on a directement senti un intérêt. Grâce à cette exposition, ces familles se sentent valorisées, ou, en tout cas, respectées. Quand nous avons lancé un appel aux témoignages, les gens se sont montrés très enthousiastes. Beaucoup éprouvaient une grande fierté de parler de leur histoire et de rendre hommage à ces gens venus participer à la prospérité de la Belgique.
Cette exposition, c'est aussi l'occasion pour beaucoup de jeunes issus de l'immigration turque ou marocaine de se replonger dans leur histoire familiale...
Bien sûr, les jeunes générations ont souvent une connaissance sommaire de leur histoire familiale. C'est la première fois qu'un tel travail de mémoire, pédagogique est réalisé. C'est important, d'autant plus que certaines familles éprouvent des difficultés à partager avec les enfants, petits-enfants les moments difficiles qu'elles ont traversés. Cette exposition est un rappel historique de ce que la première génération a dû subir pour trouver sa place ici.
L'exposition présente une série de panneaux qui mettent chacun en évidence, à l'aide d'images et de textes, une thématique liée à l'immigration...
Oui, nous avons aussi exposé plusieurs objets personnels. Il y a également un support vidéo qui permet de diffuser des reportages d'époque. Il y a aussi un programme d'événements, reprenant des conférences et des spectacles.
La ville de Verviers est un lieu où l'immigration a été fort prégnante. Pour quelle(s) raison(s) ?
Historiquement, Verviers est la première ville belge d'immigration. Son industrie textile attirait beaucoup d'immigrés internes, c'est-à-dire venus des autres villes belges, mais aussi des personnes des pays voisins, comme l'Allemagne ou encore les Pays-Bas. Les Turcs et les Marocains sont arrivés dans les années 60 suite aux accords bilatéraux pour les faire travailler dans les charbonnages. La plupart se sont donc retrouvés dans les mines près de Liège. Ce n'est que dans un deuxième temps, fin des années 60, lors du regroupement familial, que les familles se sont installées à Verviers, ville qui offrait des possibilités d'emploi pour les épouses, les enfants...
Pensez-vous que cette exposition va aider les Verviétois à faire un pas vers deux cultures qu'ils ne connaissent pas ou peu ?
Oui. C'est l'occasion de replacer le débat d'aujourd'hui dans son contexte historique. Et de dire aussi que 80 % des personnes issues de ces immigrations sont à présent naturalisées belges. Ce sont devenus des Belges à part entière. Nous devons vivre ensemble, et je pense que nous devons trouver ensemble des solutions à nos problèmes en construisant une société avec des valeurs laïques et démocratiques communes.
15/2/2014
Source : Lavenir.be