Depuis des mois, les conservateurs de la CDU/CSU font la course en tête avec 29,4 % d’intentions de vote selon la moyenne des derniers sondages. En deuxième position on retrouve l’AfD, le parti d’extrême droite recueillerait 21,2 % des sondages.
Arrivé en tête en 2021, le SPD du chancelier sortant Olaf Scholz est cette fois relégué en troisième position avec 16,4 % des intentions de vote, suivi des Verts (13,2 %) puis des libéraux du FDP avec seulement 4,1 %.
Comment les partis allemands se positionnent-ils ? La plupart d'entre eux demandent une ligne de conduite plus stricte et un contrôle accru de l'immigration. Mais il y a aussi des différences.
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) : une migration gérée de manière solidaire
Le SPD souligne avoir déjà veillé à une migration plus ordonnée vers le marché du travail ainsi qu'à un meilleur contrôle des migrations de fuite. Il fait référence au système européen commun d'asile (GEAS), qui devrait entrer en vigueur en 2026. De manière générale, le parti met l'accent sur la concertation européenne : des normes humanitaires communes pour les personnes en fuite et une migration gérée de manière solidaire.
Le SPD s'oppose à « la fermeture des frontières et aux renvois forfaitaires aux frontières intérieures ». Les contrôles limités dans le temps doivent donc rester « l'exception absolue ». Il promet d'accélérer les procédures d'asile et de maintenir le regroupement familial pour les personnes nécessitant une protection subsidiaire.
Par ailleurs, le SPD promet de s'engager pour des routes de fuite légales et des programmes d'accueil humanitaires ainsi que de conclure des « accords migratoires globaux » avec les pays d'origine.
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne / Union sociale allemande (CDU/CSU) : « Un arrêt de fait de l'accueil »
La CDU/CSU aspire à un « tournant fondamental dans la politique migratoire ». Par-là, la CDU et la CSU entendent mettre un terme à « l'immigration illégale ».
« Nous imposons immédiatement un arrêt effectif de l'accueil », affiche leur programme électoral. Aux frontières allemandes, les personnes qui souhaitent entrer en Allemagne depuis un autre pays de l'UE ou de l'espace Schengen pour y déposer une demande d'asile doivent être refoulées.
L'Union veut suspendre le regroupement familial dans le cas des bénéficiaires de la protection subsidiaire. Il s'agit de personnes pour lesquelles ni le droit d'asile prévu par la Loi fondamentale ni la Convention de Genève sur les réfugiés ne s'appliquent. Une protection « provisoire » leur est accordée parce qu'ils ne sont certes pas persécutés personnellement, mais qu'ils doivent s'attendre à de graves dommages dans leur pays d'origine.
L'Union veut également accélérer les procédures d'asile. Afin de permettre davantage de rapatriements, il est notamment prévu de définir davantage de pays d'origine sûrs.
Le candidat de l'Union à la chancellerie Friedrich Merz a suscité les critiques du SPD, des Verts et de la gauche avec une proposition allant encore plus loin : selon lui, la nationalité allemande devrait être retirée aux binationaux ayant commis des délits. Sa proposition s'oppose à la procédure de naturalisation accélérée par le gouvernement de coalition. Selon Merz, la double nationalité pose des problèmes supplémentaires à l'Allemagne.
Alliance 90/ Les Verts : humanité et ordre
Les Verts définissent l'Allemagne comme un « pays d'immigration » : l'immigration de main-d'œuvre qualifiée et de travailleurs assure la prospérité et la place économique. « Nous voulons une politique de fuite et de migration qui fonctionne et qui soit pragmatique, qui allie humanité et ordre », affirment les Verts.
La débureaucratisation doit garantir une « véritable culture de l'accueil ». Les Verts soulignent qu'il faut distinguer « fondamentalement » la fuite et la migration de travail, mais ils sont également favorables au « changement de voie » lorsqu'il est « judicieux ». Ils demandent des instruments efficaces d'intégration.
Le parti s'engage en faveur du droit fondamental à l'asile et de la Convention de Genève sur les réfugiés. Ce faisant, il plaide pour des procédures rapides et équitables. Le regroupement familial doit être maintenu et les restrictions supprimées.
Parti libéral-démocrate (FDP) : plus d'immigration sur le marché du travail
Le FDP veut un « code de l'immigration d'un seul tenant, regroupant toutes les bases légales relatives à l'immigration et à l'asile ». En principe, l'immigration sur le marché du travail doit être facilitée, y compris pour les « spécialistes non universitaires ». Les personnes en quête de protection ayant le droit de rester doivent pouvoir travailler « le plus rapidement possible ».
Pour les réfugiés reconnus, le FDP demande un nouveau statut sociojuridique avec plus d'incitations au travail et moins de prestations sociales. Au lieu d'argent, ils devraient recevoir plus de prestations en nature. Ceux qui sont tenus de quitter le territoire ou qui empêchent l'établissement de leur identité ne doivent plus recevoir d'aide de l'État. Pour les personnes en quête de protection bien intégrées, le FDP est favorable à un passage sur le marché du travail.
Alternative pour l'Allemagne (AfD) : des « centres de détention » à la frontière
L'AfD veut durcir la politique migratoire et mettre fin à « l'immigration incontrôlée par millions ». Le parti demande que les contrôles et les refus à la frontière soient établis comme un « droit évident ». Selon l'AfD, les personnes arrivant d'un pays tiers sûr ne peuvent pas demander l'asile en Allemagne. Les réfugiés doivent être arrêtés à la frontière dans des « centres de détention ».
L'AfD veut expulser les personnes sans droit de séjour. Elle annonce une « vaste offensive de rapatriement » et veut notamment expulser « immédiatement » les « dangereux étrangers, les extrémistes et les grands criminels » vers leur pays d'origine ou vers des pays tiers prêts à les accueillir. Des « lieux de détention et de garde à vue » doivent être développés à proximité des frontières et dans les aéroports.
Die Linke (gauche) : pas d'expulsions
Die Linke a pour modèle une société d'immigration qui doit permettre aux migrants d'arriver dans de bonnes conditions. Le parti s'oppose aux expulsions, y compris celles des criminels. Elle qualifie les prestations en nature de « discriminatoires ».
Les réfugiés doivent pouvoir travailler dès le premier jour. Après cinq ans, chacun doit avoir un droit légal à la naturalisation. En cas de statut de séjour incertain, Die Linke exige des réglementations efficaces sur le droit de rester.
Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice (BSW) : mettre fin à la « migration incontrôlée ».
L'alliance Sahra Wagenknecht demande de mettre fin à la « migration incontrôlée ». Du point de vue de BSW, celle-ci surcharge la société et les systèmes sociaux, et la migration représente en outre un risque pour la sécurité.
L'Allemagne a besoin d'un « répit » en matière de migration pour les années à venir, selon le BSW. Les personnes arrivant d'un pays tiers sûr n'ont pas le droit de séjourner en Allemagne et n'ont donc pas droit à une procédure d'asile ni à des prestations sociales.
Selon le BSW, les personnes sans statut de protection doivent quitter l'Allemagne « rapidement ». Le droit et la loi doivent être « enfin à nouveau » appliqués lors des expulsions.
Le BSW plaide pour que les procédures d'asile se déroulent « si possible » en dehors de l'UE, dans des pays tiers sûrs. Une « réorientation » de la politique étrangère et commerciale de l'UE doit permettre d'améliorer les conditions de vie dans les pays d'origine et de réduire ainsi les causes de fuite. Pour ce faire, le BSW préconise la levée des sanctions économiques à l'encontre des pays dont les gouvernements sont « politiquement défavorables ». Car c'est surtout la population locale qui souffre des sanctions.