Le ministère allemand de l'Intérieur travaille à un projet visant à dissuader les migrants de franchir la Méditerranée pour atteindre les côtes européennes en les stoppant et en les reconduisant sur les côtes africaines, rapportent dimanche le journal Welt am Sonntag.
Interrogée par le journal, une porte-parole du ministère précise que le projet s'inspire du système mis en place en Australie, où les migrants interceptés en mer sont envoyés vers des camps installés dans des pays tiers le temps d'étudier leurs demandes d'asile - la politique migratoire australienne, qui s'appuie notamment sur des camps installés sur l'île de Nauru et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, fait l'objet de vives critiques à Canberra.
"Eliminer la perspective d'atteindre la côte européenne persuaderait en premier lieu les migrants de ne pas s'embarquer dans des traversées potentiellement mortelles et coûteuses", explique cette porte-parole.
"L'objectif doit être d'éliminer ce qui est à la base des réseaux de passeurs et de sauver des migrants de cette traversée meurtrière", ajoute-t-elle.
Entre le 1er janvier et le 2 novembre, près de 160.000 migrants ont gagné l'Italie, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Plus de 2.200 migrants ont été secourus dans la seule journée de samedi en Méditerranée et dix cadavres ont été repêchés, a déclaré la garde-côte italienne.
Le projet du ministère allemand propose que les migrants interceptés en Méditerranée soient conduits vers des camps qui seraient installés en Tunisie, en Egypte ou dans d'autres Etats d'Afrique du Nord. Si leur demande d'asile était acceptée, ils seraient alors acheminés en toute sécurité en Europe.
Pour l'heure, il n'existe aucun plan concret ni discussion formelle au niveau européen sur le projet allemand.
Mais Bernd Riexinger, du parti de gauche radicale Die Linke, dénonce dans les colonnes de la Welt am Sonntag un "scandale humanitaire" et un "pas de plus sur la voie d'une destruction du droit d'asile". Il ajoute que le système australien est "absolument inacceptable".
06/11/2016(Henri-Pierre André pour le service français)
Source : Reuters