Les députés néerlandais ont adopté mardi un projet de loi interdisant le port du voile islamique intégral dans des lieux publics comme les écoles, les hôpitaux et les transports en commun, des lois similaires existant déjà dans plusieurs pays européens.
"La loi est votée", a déclaré la présidente de la chambre basse du parlement Khadija Arib, après que la proposition du gouvernement eut été adoptée par 132 voix sur les 150 que compte l'assemblée.
Le texte de deux pages prévoit l'interdiction de "vêtements dissimulant entièrement le visage" dans les bâtiments de l'enseignement et ceux des soins de santé, du gouvernement et dans les transports publics. Les vêtements qui couvrent le visage mais laissent les yeux découverts sont également interdits.
La proposition de loi, qui doit encore être approuvée par le Sénat, ne s'applique pas aux vêtements "nécessaires pour protéger le corps en lien avec la santé ou la sécurité, dans la pratique d'un métier ou d'un sport, pour une activité festive ou culturelle".
Une infraction sera passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 410 euros.
En présentant le texte en mai, le Premier ministre libéral Mark Rutte avait évoqué la question de la sécurité, assurant que l'interdiction n'intervenait que dans "des situations spécifiques où il est essentiel que les gens puissent se voir".
Celle-ci n'a "aucune racine religieuse", avait-il alors ajouté.
Les députés avaient tenu une débat sur le sujet la semaine dernière, en présence d'une dizaine de femmes portant le voile intégral assises dans la galerie du public.
Dans une interview accordée à la télévision publique néerlandaise NOS, l'une d'elles, Karima Rahmani, avait affirmé que l'argument sécuritaire avancé par le gouvernement n'était pas pertinent.
"Quand on se rend à la mairie, nous devons nous identifier, tout comme à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, où nous devons l'enlever : l'obligation de s'identifier est déjà prévue dans la loi", avait-elle assuré.
"Cette loi est une attaque directe contre la liberté d'être qui je veux être, la liberté de s'habiller comme je le veux, sans l'intervention de personne", avait-elle ajouté.
Selon la NOS, citant des experts, il y aurait aux Pays-Bas environ 150 femmes portant le voile intégral de manière régulière.
Selon un groupe défendant cet habit, "Touche pas à mon Niqab", auquel appartient Mme Rahmani, leur nombre serait inférieur.
Le Parti pour la liberté (PVV) du député anti-islam Geert Wilders, en tête des sondages avant les prochaines élections législatives prévues en mars, a voté en faveur de cette interdiction partielle.
M. Wilders est actuellement jugé pour incitation à la haine après avoir promis "moins de Marocains" aux Pays-Bas, et un jugement est attendu pour le 9 décembre.
"Savons-nous seulement s'il s'agit d'une femme qui se cache sous ce tissu islamique? Cela pourrait tout aussi bien être un terroriste bien entraîné", s'était ainsi demandé l'un des douze députés du parti, Machiel de Graaf, pendant le débat.
Tunahan Kuzu, un député ayant voté contre, avait de son côté affirmé qu'il était "répréhensible d'isoler et d'exclure ces femmes à cause d'une peur subjective chez certains citoyens".
La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a validé en juillet 2014 l'interdiction du port en public du voile islamique intégral (burqa, niqab) adoptée en 2010 en France, jugeant qu'elle n'enfreignait pas la liberté de religion.
Des législations similaires ont également été adoptées ou votées en Belgique, Bulgarie et dans certaines régions suisses.
29 nov 2016
Source : AFP