jeudi 28 novembre 2024 12:42

A Athènes, des migrants débarquent plein d'espoir dans un pays en crise

Ils ont débarqué pleins d'espoir sur des îles grecques paradisiaques, fuyant la guerre, le terrorisme. Arrivés à Athènes, des réfugiés venus de Syrie, d'Afghanistan ou d'Irak découvrent un pays en crise, simple étape dans leur périple.

06H00 du matin. Le soleil se lève sur le port du Pirée et des centaines de migrants débarquent des ferrys au milieu des vacanciers.

Les mines sont fatiguées, les vêtements sales mais un certain soulagement domine chez les nouveaux arrivants, certains faisant même des selfies avec leur téléphone portable. Parmi eux beaucoup d'hommes, plutôt jeunes, mais aussi des familles, avec comme seuls bagages un sac de couchage et quelques vêtements dans un sac à dos.

Accompagné de sa femme Wallaa, qui semble épuisée, et de ses trois filles dont la plus jeune n'a que quelques mois, Hisham Mohy Al Deen, 37 ans, se sent "heureux": "Je veux trouver une nouvelle vie loin de la guerre".

Ce Palestinien de Syrie, ancien employé des Nations unies, a débarqué avec sa famille deux semaines plus tôt sur l'île de Lesbos, dans le nord-est de la mer Egée, à seulement huit milles marins des côtes occidentales de Turquie, par où il est passé.

Partis de Damas, Hisham et sa famille ont passé six jours dans un camp de Lesbos, dormant "par terre, sans couvertures", "il faisait trop froid, nous avons souffert". On leur a finalement remis une autorisation de séjour d'un mois, les invitant à prendre le bateau pour Athènes.

Dans la capitale, personne ne les attend, sauf des employés de Vodafone, en pull et casquette rouge, sur le port dès l'aube pour leur vendre des cartes de téléphone internationales. En quelques minutes, cartes et les billets de banque changent de propriétaire.

A quelques mètres, Daha Alwakil, 32 ans reprend des forces avec un café. Il a laissé sa femme et deux enfants à Bagdad, n'emmenant que Yassine, 10 ans. "On est venus par bateau de Turquie, tout le monde vient par bateau", raconte-t-il, ajoutant: "maintenant je me sens libre".

Une heure plus tard, le bouche-à-oreille amène les nouveaux venus place Omonia, dans un quartier populaire de la capitale. Sous un immense drapeau "Welcome to Greece", masquant la façade d'un immeuble, des petits groupes se reposent, hagards, ou tentent d'avoir des informations auprès de migrants arrivés avant eux.

 Peu d'hébergement

Les plus riches essaient de trouver de la place dans des hôtels, d'autres trainent dans la rue à la recherche de passeurs pour la Macédoine ou frappent à la porte d'associations.

Nancy Retinioti, travailleuse sociale chez Médecins du Monde, décrit un système d'accueil complètement débordé: "il n'y a qu'environ mille places d'hébergement pour les réfugiés en Grèce, ça ne suffit pas".

De janvier à fin juin 2015, 69.126 migrants sont arrivés dans le pays, contre 43.500 sur l'ensemble de l'année 2014, selon les chiffres du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés. Et le chiffre s'envole chaque mois: 1.700 en janvier, 13.500 en avril, 24.400 en juin.... Près de 60% d'eux sont des Syriens.
La crise en Grèce les a directement pénalisés: "Avant, ceux qui avaient le statut de réfugié pouvaient avoir un permis de travail. Après ils y ont mis fin", raconte Nancy Retinioti.

"Selon la loi, ils ont accès au système de santé mais ils sont face à des barrières administratives et des barrières de langue. Et certains médecins leur demandent de l'argent pour les soigner, ce qui est illégal", s'insurge-t-elle.

Yannis Kalyvopoulos, psychologue au sein de l'ONG, décrit des patients dont "la plupart souffrent de stress post-traumatique et de dépression. Beaucoup d'enfants ont perdu leurs parents ou des proches, ils sont traumatisés, ont des problèmes de sommeil".

"S'ils restent dans une situation incertaine, ça augmente les symptômes. S'ils ont un environnement qui les soutient, ils s'attacheront plus facilement au nouveau pays", constate-t-il.

Selon sa collègue Nancy, leur choix est déjà fait: "Les gens ne demandent plus l'asile en Grèce. Avec la crise, ils ne se voient pas d'avenir ici".

Trois jours après leur arrivée, le numéro grec d'Hisham et de sa famille ne répondait plus. Ils s'étaient déjà évanouis vers de meilleurs cieux.

11 juil 2015,Pauline FROISSART

Source : AFP

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