L'importance des résultats économiques positifs obtenus par l'Espagne a incité de nombreux médias étrangers à mettre en lumière ce pays européen pour analyser les dessous de ces chiffres exceptionnels, alors que de nombreux pays connaissent un ralentissement économique ces dernières années.
Outre les taux de tourisme record, avec plus de 94 millions de touristes en 2024, il y a aussi l'approche adoptée par le gouvernement de Pedro Sánchez à travers l'ouverture à l'immigration, ce qui est assez différent des politiques d'immigration restrictives adoptées par des pays tels que l'Italie, l'Allemagne et la France.
Dans son article, repris par des médias espagnols dont Radio Caneda Ser, le journal britannique « The Guardian » explique que l'expérience espagnole intervient à un moment où les pays d'Europe sont confrontés à un dilemme complexe. « Alors que les politiciens de droite et d'extrême droite se disputent les suffrages en exprimant un sentiment anti-immigrés, la proportion de travailleurs pouvant cotiser aux fonds de pension diminue en raison du vieillissement de la population ».
En ce sens, le journal espagnol El Pais a titré son éditorial du 18 février 2025 « Le nouveau visage de la société espagnole », soulignant que l'arrivée de migrants en Espagne a compensé le vieillissement de la population et contribué à une croissance économique.
Le quotidien espagnol a établi un lien entre la croissance de la population espagnole grâce à la migration et son impact sur les indicateurs de croissance économique et le marché du travail, ainsi que la compensation du taux élevé de vieillissement dans tous les pays européens. Depuis 2019, le marché du travail a perdu environ un million de personnes en âge de travailler (entre 20 et 60 ans), tandis que le nombre d'étrangers résidant en Espagne au cours de la même période a augmenté d'environ 2,1 millions de personnes, de sorte que « sans l'arrivée de ces nouveaux citoyens, l'Espagne n'aurait pas été en mesure de maintenir le dynamisme de l'économie ou le dynamisme du marché du travail ».
El País a également souligné la contribution humaine des ressortissants étrangers qui, en tant que doubles nationaux bien intégrés, partagent la même langue et la même culture que les citoyens espagnols, ce qui a permis à l'Espagne d'éviter certains problèmes rencontrés dans d'autres pays européens.
Dans ce contexte, l'éditorial prévient que ce nouveau profil socioprofessionnel s'accompagne d'autres défis, car les bas salaires des travailleurs étrangers et leur emploi dans des secteurs à faible productivité affectent leur revenu par habitant, et expliquent dans une certaine mesure le sentiment d'inflation dans le secteur immobilier, ainsi que le faible niveau de formation de certains de ces nouveaux travailleurs.
Dans cette situation, faire face au vieillissement nécessite également de « répondre à la demande croissante de logements des travailleurs étrangers, d'améliorer l'éducation et la formation pour la mise à niveau des nouvelles générations d'une part, et d'éviter la formation de ghettos dans les villes d'autre part, afin que la croissance économique contribue au progrès de l'intégration », ajoute le journal.