lundi 25 novembre 2024 03:35

A Bonn, Saloua lutte contre les préjugés pendant le Ramadan

Comment passe-t-on le ramadan en tant que Marocaine vivant en Europe ? Notre série de témoignages nous conduit en Allemagne, à Bonn, chez Saloua, Allemande d'origine marocaine. La fondatrice de Lifemakers Germany, association de droits humains, apprécie beaucoup ce mois spirituel mais aussi les nombreuses discussions avec des non-musulmans, discussions qui aident à franchir les barrières de la peur...

- Yabiladi : Qu'attendez vous du ramadan qui arrive en plein mois d'août cette anée?

- Saloua : La même chose que du ramadan en décembre : spiritualité, amour du prochain, patience, miséricorde, et réussir enfin à ne pas regarder qu'avec les yeux, mais aussi avec le cœur.

- Craignez-vous la chaleur, la soif, les très longues journées?

- Ces quelques heures de jeûne en plus, ca ne change plus grand chose. La personne qui a décidé de montrer à son corps qui est le chef ressentira la satisfaction. Celui qui bois beaucoup et qui mange peu de graisse, assez de glucides, vitamines et des protéines après le ftour et pour le Shour, va passer la journée facilement, avec bravoure. La faim et la soif m'inquiète beaucoup moins que le manque de compréhension de certains concitoyens qui ne comprennent pas qu'on puisse aussi prendre au sérieux la religion en tant que musulman européen.

- Quel est le rythme que vous adoptez pendant la journée ?

- Je continue à travailler normalement, même plus efficacement, car je peux me concentrer pleinement sur le travail. Le sang circule dans le cerveau plutôt que dans l'estomac. La seule chose qui change, c'est qu'on se met à table seulement avant et après le lever du soleil pour manger.

- Vous levez-vous pour le Shour? Allez vous dormir pendant la journée?

- Vu que je travaille, la sieste, c'est pas possible. De toute façon, ça te rend plutôt nerveux, en tout cas pour moi. Je préfère rester réveillée et me réjouir d'avance à retrouver mon lit tard le soir. Naturellement, je me lève pour le Shour, car je ne veux pas laisser passer la bénédiction que l'on reçoit, comme le promettait le prophète Mohammed. Et bien sûr il faut que j'équilibre mon alimentation en eau. Sans oublier qu'après le Shour suit la prière du matin.

- Avez-vous fait des achats spécifiques pour le ramadan?

- On s'est procuré des épices spéciales et les ingrédients pour la soupe marocaine, car un ramadan sans harira, ce serait un peu bizarre. La famille nous a envoyé les pâtisseries du Maroc. Ça sent merveilleusement bon.

- Qu'est-ce que cela signifie pour vous de passer le ramadan loin du Maroc?

- Je suis née en Allemagne et j'y ai grandi, ce qui fait que je me sens plutôt allemande. Mais je dois avouer que passer le ramadan à Tanger, la ville d'où viennent mes parents, me plairait beaucoup. Mais le ramadan en Allemagne, cela évoque plus de sentiments d'appartenance, c'est plus chez moi.

- Une particularité du ramadan en Allemagne...

- La famille et les amis sont ici, on peut rompre le jeûne et passer du temps ensemble. On peut aussi avoir des discussions intéressantes sur le thème du ramadan avec des gens qui ont d'autres religions, croyances et manières de penser. Ces discussions peuvent éliminer beaucoup de barrières liées à la peur, aux préjugés et aux questions ouvertes.
L'environnement habituel, que l'on connait bien, est important psychiquement pour être bien pendant ce beau mois spirituel.

Source : Yabiladi

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