mardi 24 décembre 2024 18:42

A Murrieta, en Californie, la mobilisation anti-immigrants ne faiblit pas

"Nous ne partirons pas!", assure Greg Allison: la mobilisation contre l'arrivée d'immigrants illégaux dans la petite ville californienne de Murrieta ne faiblissait pas lundi, après presque une semaine de manifestations qui ont retenti dans tous les Etats-Unis.

"C'est la troisième fois que je fais le voyage depuis San Diego en une semaine. On a entendu à la radio qu'un bus allait venir", raconte Dan Russell, 71 ans, un retraité vêtu d'un T-shirt noir barré d'un large "America" et représentant un aigle menaçant.

Ils sont au total une centaine de manifestants à surveiller les alentours de l'entrée du centre de détention de la police des frontières, où mardi un groupe de leurs partisans avait empêché trois bus transportant 140 femmes et enfants d'entrer.

Ils portent des pancartes où on peut lire: "Souvenez-vous (des attentats) du 11 septembre 2001 et de (l'attaque de l'ambassade américaine de) Benghazi", "Où est l'argent pour nos vétérans?", "On veut une barrière, pas une réforme" ou encore "Retour à l'envoyeur".

En face d'un barrage policier, un groupe d'une trentaine de personnes chante l'hymne américain et scande "USA!,USA!".

Parmi eux, Greg Allison, chômeur, s'insurge contre "le gouvernement fédéral" qui "balance les immigrants illégaux ici" et "dit que c'est humanitaire".

"Pourquoi pendant qu'on y est ne pas accueillir aussi tous les enfants opprimés du Soudan, d'Ukraine ou de Chine?", lance-t-il.

"Si nous ne les arrêtons pas, nous allons devenir un pays du tiers monde", martèle-t-il, tandis que sa voisine Heidi Blink crie à "l'invasion".

Dan Russell dénonce "une frontière grande ouverte" par laquelle "tout le monde peut passer".

Sa principale crainte? Les virus. "Ils amènent des maladies du tiers monde", poursuit-il, déplorant notamment des "informations sur des cas de polio ou de grippe H1N1". "On aurait dû les mettre en quarantaine au Texas", l'Etat frontalier par lequel passent la majorité de ces clandestins.

Obama va se rendre au Texas

Les Etats-Unis font face à un afflux d'immigrés illégaux, surtout des enfants parfois âgés de seulement trois ou quatre ans.

Plus de 52.000 mineurs ont été détenus depuis octobre pour avoir traversé la frontière illégalement, soit deux fois plus que l'année précédente à la même époque, provoquant une importante crise humanitaire et politique.

Ils viennent essentiellement d'Amérique centrale afin de fuir la misère et la violence de leur pays.

Le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Jeh Johnson, a assuré dimanche que les Etats-Unis allaient "endiguer la vague" d'enfants non accompagnés et sans papiers à la frontière du pays, grâce à une intensification des expulsions.

Le président américain Barack Obama doit se rendre au Texas dans les jours qui viennent.

A Murrieta, vers midi lundi, les policiers commençaient à lever le barrage routier. "Nous avons eu ce matin des informations selon lesquelles un bus de la police des frontières pourrait venir ici mais nous avons appris qu'il avait en fait été emmené a San Isidro", près de San Diego, indique le capitaine de la police municipale Dennis Vrooman, qui se dit prêt pour l'éventuelle venue d'un autre bus dans les jours à venir.

Si les manifestations de lundi ont eu lieu dans le calme, il n'en a pas été de même pendant le long week-end du 4 juillet: plusieurs personnes ont été arrêtées pour avoir voulu forcer les barrages de police ou pour atteinte a l'ordre public, à la suite d'échanges houleux entre des manifestants anti-immigration illégale et d'autres en sa faveur, comme Miguel Hernandez.

Vêtu d'un maillot de football de l'équipe du Mexique, le jeune homme de 20 ans explique être "d'ici et vouloir que (ces immigrés) viennent ici. Ils se font torturer dans leur pays".

Il déplore le racisme des manifestants qui s'opposent à leur venue: "Pour eux, tout ce qui a la peau brune est dangereux".

"Ces enfants ont besoin d'avoir accès à l'enseignement et ensuite ils vont travailler dur, c'est ce que ces gens ne comprennent pas", conclut-il.

07 juil. 2014, Veronique DUPONT

Source : AFP

 

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