Les représentants du culte musulman ont dit jeudi vouloir "tourner la page" de la polémique sur la viande halal et de celle suscitée par les propos de François Fillon sur les traditions religieuses "ancestrales", et ont annoncé une réflexion sur la méthode d'abattage rituel.
"Plus on se retire de cette polémique, mieux c'est. Aujourd'hui, nous avons tourné la page et nous avons demandé à tous les hommes politiques de se concentrer et de proposer des solutions pour le bien-être de nos concitoyens", a déclaré à la presse le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui.
Comme les représentants du culte juif la veille, M. Moussaoui, accompagné du recteur de la Grande Mosquée de Paris Dalil Boubakeur, s'est entretenu pendant une heure avec François Fillon, qui avait provoqué l'ire de ces communautés en suggérant aux religions de réfléchir au maintien "de traditions ancestrales qui ne correspondent plus à grand-chose" dans un "pays moderne".
"Nous avons exprimé l'inquiétude des musulmans de France face aux déclarations qui ont eu lieu mais avons souhaité tourner la page et sortir les questions de l'islam de la campagne électorale", a précisé Mohammed Moussaoui.
S'agissant du débat plus large sur la traçabilité de la viande, il a indiqué avoir dit au Premier ministre que les musulmans n'étaient "pas contre le droit du consommateur à être bien informé". "Simplement le débat est ailleurs: quel type d'information devons-nous donner aux consommateurs ? Il ne faudrait pas que cette information soit stigmatisante pour les musulmans", a-t-il expliqué.
"On est pour la transparence, pour la clarté et on est aussi pour le respect des rites des musulmans de France (...) Espérons que nos hommes politiques s'attellent plus aux préoccupations des Français, ça éviterait à tous cette situation", a-t-il jugé.
"Un certain nombre de sujets méritent d'être étudiés, discutés mais dans une période beaucoup plus sereine", a martelé M. Moussaoui.
Tout en assurant que cette décision n'était pas liée à la polémique, Dalil Boubakeur a de son côté annoncé la mise en place "rapidement" d'une "commission théologique" chargée "d'observer si la pensée religieuse de l'islam" permet "un certain nombre d'avancées" sur l'abattage rituel.
"Il y a longtemps que nous travaillons à cette question. Nous sommes responsables en matière du culte musulman en France pour donner à nos fidèles (...) les discussions, les avancées qui ont lieu actuellement à ce propos", a-t-il expliqué.
Si l'abattage rituel "reste un principe de l'islam", le recteur de la Grande Mosquée a mis en avant la question de "la souffrance de l'animal" dans le cadre de cette réflexion.
"Il y a les textes, il y a les traditions, il y a les données théologiques classiques, mais est-ce que les savants de l'islam n'ont pas (émis) un certain nombre de propositions ?", a souligné M. Boubakeur, parlant de souci de "transparence de manière générale".
"Il s'agit de faire connaître les positions des savants musulmans aujourd'hui: qu'est-ce qui se dit à ce propos ?", a-t-il répété.
Sur la composition de cette commission, il a évoqué "tous ceux qui sont demandeurs de participer", sans plus de précision.
08-03-2012
Source : Le Nouvel Observateur
Abattage rituel: les musulmans "tournent la page"
Publié dans Médias et migration
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