mardi 26 novembre 2024 15:33

Au camp d'Idomeni, les bébés menacés par le manque d'hygiène

La petite Syrienne Assima, née il y a six jours, est étendue sur le dos à quelques mètres d'une rangée de toilettes publiques utilisées par la foule des réfugiés et migrants massés à la frontière gréco-macédonienne.

Elle est l'une des plus jeunes, parmi les milliers de personnes contraintes d'attendre dans le camp d'Idomeni, où des employés humanitaires dénoncent le manque d'hygiène. Un peu plus au nord, la Macédoine vient d'annoncer la fermeture complète de sa frontière aux migrants en situation illégale.

Selon l'ONG Médecins sans frontières (MSF), le camp d'Idomeni, adossé à la frontière, compte au moins 40 femmes enceintes, et quatre personnes sur dix hébergées ici sont des enfants.

"Il y a dans ce camp de nombreux bébés, vulnérables aux infections pulmonaires", fait remarquer Christian Reynders, coordinateur adjoint de MSF à Idomeni.

"Les réfugiés allument des feux, la nuit, pour que leurs familles n'aient pas froid. Ils brûlent tout, du bois, des sacs en plastique, de vieux habits. La fumée est toxique et nous craignons que des infections pulmonaires, tout particulièrement chez les nouveau-nés, ne provoquent des affections chroniques au niveau respiratoire", ajoute-t-il.

Une soixantaine d'enfants tombent malades chaque jour en raison de l'humidité et des fumées, à en croire les médecins de MSF.

Au dernier décompte, 36.000 réfugiés et migrants étaient bloqués en Grèce, mercredi, du fait de la fermeture des frontières balkaniques.

SOUS UNE TENTE MINUSCULE TACHEE DE BOUE
La mère d'Assima a accouché à Kilkis, localité située à une quarantaine de kilomètres du camp d'Idomeni, mis en place dans des prairies boueuses. Ensuite, elle a vite regagné le camp, attendant, tout comme 13.000 autres migrants, de pouvoir franchir une frontière qui semble désormais fermée en permanence.

L'infirmière de l'ONG caritative Arsis qui s'occupe de changer les couches d'Assima dit connaître au moins cinq nouveau-nés contraints de vivre dans des conditions déplorables.

"J'ai appris il y a quelques minutes que nous avions un bébé de trois mois qui ne pèse que trois kilos", soit moitié moins que le poids habituel à cet âge, dit-elle.

"Quelques jours après la naissance, les parents reviennent au camp avec leur bébé. Ils craignent de perdre leur place lorsqu'il sera possible de passer la frontière. Nombre d'entre eux souffrent de malnutrition", explique l'infirmière.

Sarala, une jeune femme qui a dans les vingt à vingt-cinq ans, vit dans le camp d'Idomeni depuis 19 jours, sous une tente minuscule maculée de boue. Elle a fui la ville d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, en compagnie de sa fille, qui n'avait alors que deux semaines. Arrivée en Grèce voici un mois, elle aspire à se rendre en Allemagne.

Son bébé porte une grenouillère rose, elle aussi tachée de boue.

"Je resterai dans le camp jusqu'à ce que la Macédoine ouvre sa frontière", dit-elle à Reuters. "J'étais une des premières à arriver à Idomeni. Je ne veux pas perdre la moindre occasion de passer".

9 mars 2016,Lefteris Papadimas

Source : Reuters

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