mardi 26 novembre 2024 02:55

Bassin minier : sur la piste des Chtiskis, témoins de l’émigration polonaise des années 1920

Ce néologisme désigne les émigrés polonais arrivés dans le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais dans les années 1920. Ils ont aujourd’hui 85 ans et plus. L’ICEP cherche à les retrouver pour recueillir le témoignage de ce qu’ils ont vécu.

C’était il y a près d’un siècle. Le 3 septembre 1919, la France signe une convention avec le jeune gouvernement polonais, pour programmer et encadrer l’arrivée de travailleurs dans les mines de charbon. Le pays, ravagé par la Grande Guerre, a besoin de main d’œuvre pour se reconstruire. Les années suivantes, environ 700 000 Polonais immigrent vers la France. Nombre d’entre eux posent leurs valises dans le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais.

Grande exposition en préparation

« En 2019, nous fêterons le centenaire de la convention qui a fait venir tous ces mineurs dans notre région », explique Henri Dudzinski, président de l’ICEP, Institut des civilisations et études polonaises, à Lens. L’ICEP veut frapper un grand coup, et prépare notamment une grande exposition qui sera présentée à la Maison syndicale de Lens. Pour l’alimenter, l’institut a engagé un travail de collecte d’objets et de témoignages. « Nous cherchons à retrouver des témoins de cette émigration des années 1920, pour les interviewer et les filmer en vue d’un documentaire. » Comment sont-ils arrivés ici ? Par le train ou par bateau ? Et quel accueil les Ch’tis leur ont-ils réservé ? « Il y a de magnifiques histoires à recueillir. Il faut le faire maintenant, avant qu’elles ne s’évanouissent. »

Mémoire de la langue chtiski

Recueillir ces témoignages permettra aussi de conserver la mémoire de... la langue chtiski. « Ces émigrés ont développé une langue bien à eux, mélange de mots polonais, allemands, et de patois ch’ti. Nous avons d’ailleurs prévu de confier nos enregistrements à des linguistes de l’université d'Artois, pour qu’ils les étudient. » Pour l’heure, l’ICEP a recensé une trentaine de Chtiskis disposés à témoigner. Le plus jeune a 85 ans ; « la plus âgée en a 102, elle habite Ostricourt ». Si d’autres Chtiskis ont envie de se joindre à l’aventure, ils seront toujours les bienvenus.

Collecte d’objets

« Nous cherchons aussi à collecter des objets qui évoquent ce pan de l'histoire de l'émigration : des meubles fabriqués en caisses de savon, des instruments de musique, des bulletins de salaire... Lorsque les personnes âgées décèdent, beaucoup de choses hélas partent à la poubelle. » Parce qu’on pense qu'elles n’ont aucune valeur marchande, ou qu’il n’existe pas de descendant. « Dans les greniers, il y a beaucoup de souvenirs qui méritent d’être conservés. On est prêts à venir avec des remorques pour les récupérer. »

25/04/2016, ANNE-LISE TENEUL

Source : lavoixdunord.fr

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