mardi 26 novembre 2024 14:36

BELGIQUE : 60 ans après la catastrophe, hommage aux victimes de Marcinelle

Documentaires, colloques, projections cinématographiques, représentations théâtrales, oeuvres musicales, etc. mettront les migrants italiens et leurs proches à l’honneur.

Plusieurs initiatives culturelles sont programmées cette année un peu partout en Belgique ainsi qu’en Italie à l’occasion de la double commémoration du 70e anniversaire des accords italo-belges sur l’immigration et du 60e anniversaire de la catastrophe de Marcinelle, a annoncé mercredi Vincenzo Grassi, l’ambassadeur d’Italie auprès du Royaume de Belgique lors d’une conférence de presse à laquelle participait Elio Di Rupo.

Documentaires, colloques, projections cinématographiques, représentations théâtrales, oeuvres musicales et expositions photographiques mettront les migrants italiens et leurs proches à l’honneur, aussi bien en Flandre qu’en Wallonie ainsi qu’en Italie. Le musée du Bois du Cazier sera, plus qu’aucun autre lieu, consacré à la conservation du souvenir de la vie à la mine et des événements tragiques de Marcinelle. Le 8 août 2016, date du 60e anniversaire de la catastrophe de Marcinelle, un hommage solennel aux victimes est prévu, en présence des plus hautes autorités italiennes et belges.

«C’est un moment où l’on se souvient d’où l’on vient»

L’objectif de ces commémorations est double pour les organisateurs. «Nous souhaitons accomplir notre devoir de mémoire mais également ouvrir des perspectives alors que l’Europe doit relever le défi des nouvelles vagues migratoires», a déclaré Vincenzo Grazzi.

Elio Di Rupo, ministre d’Etat et fils d’immigrés italiens, a salué l’initiative. «C’est un moment où l’on se souvient d’où l’on vient. J’imagine mon père arrivant avec pour seul bagage une valise en bois. Et puis, on lui a présenté son travail, au fin fond de galeries souterraines». L’actuel bourgmestre de Mons a cité son parcours comme preuve ultime d’une intégration réussie: «ce pays a fait d’un fils d’immigrés un Premier ministre.» Il a ensuite tiré la sonnette d’alarme quant à la direction que prend le Vieux Continent en matière d’immigration: «l’Europe va mal. (...) On parle toujours du couple Berlin-Paris (dans l’orientation des décisions) mais Rome a aussi un rôle important à jouer. (...) Si nous voulons garder cette communauté de valeurs et de solidarité, il faut impérativement retravailler (notre vision)».

«L’Europe est pour l’instant trop oublieuse»

La présidente de la commission culture du Parlement européen, Silvia Costa, a insisté sur l’importance du travail de mémoire à réaliser. «L’Europe est pour l’instant trop oublieuse.» Madame Costa a par ailleurs souligné le sacrifice des Italiens qui ont tout quitté pour chercher ailleurs de meilleures conditions de travail et de vie. «Malheureusement, il y a eu besoin d’une tragédie comme Marcinelle pour que les conditions du traité soient revues. (...) Ce devoir de mémoire doit servir à l’Europe dans le défi du présent.»

Le protocole signé en juin 1946 prévoyait, en échange de la fourniture de charbon, l’envoi en Belgique de 50.000 ouvriers italiens au rythme de 2.000 par semaine. «Une réglementation très rigide, toute à l’avantage du patronat belge, régissait les conditions de travail», expliquent Vincenzo Grassi, ambassadeur d’Italie en Belgique et Paolo Grossi, conseiller culturel de l’ambassade d’Italie et directeur de l’Institut italien de culture.

262 mineurs sont morts à Marcinelle

La signature des accords italo-belges a été à l’origine du départ de dizaines de milliers de travailleurs italiens vers les mines de Charbon de la Belgique. Le 8 août 1956, 262 mineurs (dont 136 Italiens et 95 Belges) meurent lors de la tragédie de Marcinelle. Cette catastrophe a ouvert les yeux de l’Europe sur les risques considérables du travail à la mine, l’absence de mesures de sécurité adéquates et les graves pathologies professionnelles auxquelles étaient exposés les mineurs. Outre le drame de Marcinelle, plus de 200 mineurs sont morts dans les mines de Belgique entre 1957 et 1963, faisant au total 867 victimes.

Le mouvement migratoire massif des régions les plus pauvres de la Péninsule vers les bassins miniers de la Wallonie et du Limbourg, a touché plusieurs dizaines de milliers de travailleurs italiens. Selon les calculs cités par l’ambassade d’Italie, dès la fin de 1948, plus de 84.000 Italiens étaient résidents en Belgique, sur un total de 370.000 étrangers.

16 mars 2016

Source : lavenir.net

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