mercredi 27 novembre 2024 09:37

Bilan du programme de mobilisation des Entretien avec Rita Zougari, en charge du programme «mobilisation des compétences Marocaines à l’étranger »

La communauté marocaine à l'étranger, de plus en plus formée et qualifiée, représente un atout considérable pour le développement du pays. Comment faire participer ce potentiel au développement national ? C'était l'objet du programme de la mobilisation des compétences lancé en 2009. Premier bilan.

MATIN EMPLOI : Le programme de mobilisation des compétences MRE a été l'un des programmes phares initiés par le ministère des MRE suite à une étude globale portant sur les besoins en capital humain nécessaire au développement du Maroc. Qui sont ces compétences installées à l'étranger ?

RITA ZOUGARI : Les compétences, le talent, le savoir-faire sont pour le Maroc une valeur ajoutée primordiale pour son développement durable. La communauté marocaine à l'étranger, de plus en plus formée et qualifiée, représente un potentiel de compétences de savoir-faire et un atout considérable pour le développement du pays : 17% des MRE actifs occupent des professions scientifiques intellectuelles et managériales qualifiées, 54% s'activent dans les secteurs de l'enseignement, la santé, la communication, la gestion et le commerce. Ayant conscience de l'importance du rôle de la communauté marocaine à l'étranger, le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger (MCMRE) a choisi de faire de la mobilisation de ces compétences l'un des axes prioritaires de son plan quinquennal 2008-2012.

Qui fait quoi dans ce programme ?

Ce programme consiste à faire appel aux potentialités de nos concitoyens établis à l'étranger possédant de l'expertise, de l'expérience, du savoir-faire… et qui sont prêts à les mettre à contribution en faveur du développement du Maroc de manière ponctuelle ou pérenne.

L'intérêt pour ce programme se justifie par un contexte extrêmement favorable qui est le résultat conjugué de plusieurs facteurs qui sont, d'une part, l'existence de profils hautement qualifiés de plus en plus nombreux parmi la communauté MRE et leur forte volonté à apporter leur contribution au développement de leur pays d'origine, d'autre part les nombreux plans sectoriels engagés au Maroc et la volonté affichée des pouvoirs publics pour favoriser ce type de participation.

C'est sur la base de ces constats que le ministère a fondé les objectifs de son programme, à savoir : d'abord offrir un cadre à ces compétences pour les informer sur les opportunités de leur implication, leur permettre de développer des partenariats avec les acteurs publics et privés marocains, ensuite inscrire ces partenariats dans le cadre de la coopération et accompagner les porteurs de projets.

En un mot comment résumer l'approche qui a été adoptée ?

L'approche adoptée se compose de quatre principaux axes qui consistent à identifier et à segmenter la demande marocaine en matière de recherche, de formation, d'expertise voire d'investissement, ceci pour chacun des plans sectoriels, à accompagner la structuration de réseaux thématiques ou géographiques, à inscrire les projets dans le cadre de la coopération et enfin, à mobiliser les moyens humains et financiers pour leur mise en œuvre.

Le département a travaillé dans un premier temps sur la création de réseaux géographiques ?

Pouvez-vous expliquer cette démarche ?

Cette approche a été mise en œuvre dès l'achèvement de l'étude précitée en 2009 par la constitution de réseaux géographiques en Allemagne, en Belgique et au Canada, un quatrième est en cours de constitution en France.

Ces Réseaux regroupent des hommes et femmes, d'origine marocaine, nés ou installés dans ces pays. Ils appartiennent à différentes branches d'activités professionnelles (TIC et de la communication, industrie automobile, recherche, enseignement, éducation, professions libérales, etc).

L'objectif de ces réseaux est de canaliser les énergies en faveur d'un développement durable au Maroc et de soutenir l'intégration des citoyens d'origine marocaine dans les pays d'accueil.

Ces Réseaux travaillent en étroite et intense coopération avec les institutions des pays d'accueil impliquées dans les programmes d'aide au développement. Au-delà de l'élargissement et de l'intensification de la coopération entre le Maroc et leurs pays d'accueil, ils ont créé un cadre consultatif en vue de l'élaboration, de la mise au point et de l'application de stratégies spécifiques. C'est dans cette perspective qu'ils répartissent leurs activités au sein de groupes de travail avec chacun une thématique centrale. Les sujets se rapportent aussi bien aux énergies renouvelables, à l'environnement, à la médecine, à la recherche et à l'enseignement, qu'au domaine de la jeunesse, aux aspects sociaux et culturels ainsi qu'au domaine artistique.

Depuis leur création ces réseaux ont mené plusieurs actions au Maroc et dans les pays d'accueil. Au Maroc, cela s'est traduit concrètement par l'organisation de formations sous forme de cours, séminaires, caravanes, et offres de stages ou visites d'échanges culturels et également don de matériel et outils de travail dans les domaines de l'éducation, de la santé, des nouvelles technologies… Dans les pays d'accueil, conseil et orientation pour les Marocains sur place tant dans le domaine social, juridique ou économique. Cours de soutien aux élèves en difficulté, organisation d'activités culturelles…

L'autre angle privilégié a été la constitution des réseaux thématiques ?

Outre ces réseaux géographiques, des réseaux thématiques sont en cours de création, il s'agit d'un réseau des médecins marocains du Monde, celui des juristes et celui des élus.

Ces réseaux sont un regroupement d'associations des professionnels d'un domaine d'activité donné, régies par la loi organisant les ONGs de chacun des pays d'accueil qui se fédèrent pour former le réseau. Ils sont formés à l'initiative des professionnels marocains des domaines concernés établis à l'étranger dans un triple objectif; offrir leurs services à leurs compatriotes résidant dans le même pays qu'eux, échanger les informations et expériences entre professionnels de différents pays et établir des partenariats avec leurs homologues au Maroc en matière de recherche, formation, assistance technique, expertise.

Parallèlement et de manière régulière les membres de ces deux types de réseaux participent à des manifestations organisées au Maroc ; c'est ainsi qu'une soixantaine de Compétences provenant d'une dizaine de pays d'Europe et d'Amérique ont été appelées à participer au débat sur la charte de l'environnement en mars 2010, de même que cinq cent jeunes de soixante pays ont pris part à Ifrane au Forum des jeunes marocains du monde en juillet 2010 pour débattre de sujets tels que l'entrepreneuriat, la création ou l'engagement politique. Au terme de ces rencontres des groupes de discussion ont été mis en place pour prolonger les débats et permettre des échanges réguliers et permanents entre leurs membres. D'autres manifestations de ce genre ont été organisées ou le seront prochainement sur la participation des membres de ces réseaux aux débats en cours sur la constitution, la régionalisation et autres réformes engagées par le pays.

Le ministère a organisé une série de rencontres au Canada, en Belgique , en Allemagne , en France …Contacts directs mais aussi renforcement du lien par le biais des technologies de l'information par le biais du portail internet.

Parallèlement à la mise en œuvre de cette approche, une refonte de l'ancien portail FINCOME (Forum International des Compétences marocaines à l'Etranger) a été engagée pour mieux répondre aux principes de base de la démarche. Dès son achèvement, prévue fin septembre 2011, les réseaux mis en place disposeront d'un outil commun permettant la centralisation de l'information concernant les plans sectoriels de développement au Maroc, les opportunités d'emplois, les démarches et dispositifs relatifs aux opportunités d'affaires et d'investissement, le programme de mobilisation de compétences mis en œuvre par le MCMRE en partenariat avec les différents acteurs nationaux, les pays d'accueil et les réseaux de compétences .

Ce site permettra également l'accès facile aux guides pratiques et aux annuaires thématiques ou géographiques élaborés par le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger et ses partenaires. Les principaux objectifs sont de permettre un travail collaboratif entre les Marocains du monde (MDM) et les acteurs marocains au Maroc sur les thématiques prioritaires d'échanges et de travail grâce notamment à la centralisation et le partage de l'information dans un même espace et la mise en synergie de l'offre et de la demande de compétences MRE.

Quelles sont les étapes franchies depuis le lancement du programme ?

La dynamique de la mobilisation des MDM qualifiés a été amorcée depuis les 21 et 20 novembre 2009 avec la tenue de la première Université d'Automne organisée avec le réseau des compétences germano-marocaines, la première rencontre des compétences Belgo-Marocaines à Bruxelles les 11 et 12 décembre 2010, l'organisation du Forum économique et de coopération des compétences maroco-canadiennes les 23-24 mai 2011, le lancement du réseau MMM (Compétences Médicales Marocaines du Monde) à Paris le 25 juin 2011. La deuxième rencontre des compétences belgo-marocaines est organisée conjointement par le MCMRE, l'Ambassade du Maroc à Bruxelles en collaboration avec le Forum des compétences belgo-marocaines et le réseau des compétences belgo-marocaines : marocains.be. Cette rencontre fait suite à celle tenue en décembre à Bruxelles.Cette manifestation s'inscrit dans le cadre du renforcement des expériences du MCMRE, en matière de mobilisation des compétences MRE. Elle a pour objectif de faire le point sur l'état d'avancement des travaux des différentes commissions du réseau marocain, de faire une pré-identification des projets en cours ou en préparation et enfin de préparer la rencontre programmée au Maroc en 2012.

L'un des réseaux qui fonctionne déjà avec des projets concrets c'est le réseau DMK, le réseau de Compétences germano-marocain» (DMK) créé le 7 mars 2009. Comment qualifier ce réseau ?

Les réseaux ont bien fonctionné chacun à leur rythme et les résultats sont là avec les réseaux canadiens , belges et allemands .Le Réseau DMK que vous citez ,regroupe près de 280 experts, hommes et femmes, d'origine marocaine, nés ou installés en Allemagne de longue date. Ils appartiennent à différentes branches d'activités professionnelles (technologies de l'information et de la communication, industrie automobile, recherche, enseignement, éducation, professions libérales, etc.). L'objectif fixé était de canaliser les énergies en faveur d'un développement durable au Maroc et de soutenir l'intégration des citoyens d'origine marocaine en Allemagne. Le Réseau travaille en étroite coopération avec les institutions allemandes impliquées dans les programmes d'aide au développement, telles que la GTZ, le CIM (Centre pour la migration internationale et le développement) et le WUS (World University Service).

Il envisage, au-delà de l'élargissement et de l'intensification de la coopération entre le Maroc et l'Allemagne, de créer un cadre consultatif en vue de l'élaboration, de la mise au point et de l'application de stratégies spécifiques.

C'est dans cette perspective que l'association a réparti ses activités au sein de douze groupes de travail avec chacun une thématique centrale. Les sujets se rapportent aussi bien aux énergies renouvelables, à l'environnement, la médecine, la recherche et l'enseignement, qu'au domaine de la jeunesse, aux aspects sociaux et culturels ainsi qu'à la musique et à l'art

6/10/2011, Farida Moha

Source : Le Matin

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