mardi 26 novembre 2024 11:46

Casablanca : Des lycéens français à la rencontre d'anciens tirailleurs marocains

Dans le cadre de la semaine de lutte à l'école contre le racisme et l'antisémitisme lancée lundi en France, des lycéens ont déposé leurs valises à Casablanca où ils sont venus rencontrer des anciens tirailleurs marocains. Une rencontre riche en émotion et en leçons, selon le reportage de France Info.

Revivre l’histoire à travers les récits oraux de témoins, c’est ce que sont venus faire à Casablanca de élèves du lycée Théodore Monod de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). A l’occasion de la semaine de lutte à l'école contre le racisme et l'antisémitisme lancée lundi en France, ils ont rencontré deux anciens combattants ayant participé à la libération des camps de la Seconde guerre mondiale, selon le reportage de France Inter.

Ces anciens tirailleurs qui font partie des 90 000 Marocains ayant contribué à la victoire des alliés, ont raconté aux jeune lycéens comment ils se sont engagés « volontairement […] à la demande de sa majesté le Roi », pour défendre la France. En rapport avec la crise identitaire qui touche aujourd’hui les descendants d’immigrés, les anciens combattant ont insisté sur le fait que ces jeunes avaient « des raisons d’être fiers d’être Français ».

Les jihadistes devraient apprendre l’histoire

Et le discours des anciens laisse sans voix les jeunes lycéens. « Rien ne vaut un témoignage », confie Laura. « On sait [désormais] ce qui s’est réellement passé. On ne l’a pas lu dans des livres, on ne l’a pas vu dans les médias, on l’a entendu de gens qui l’ont vécu. Du coup, ça change tout », estime la jeune fille qui regrette que de nombreux Français issus de l’immigration n’arrivent pas à s’identifier à la France malgré l’histoire. « Je connais des Marocains qui disent : "moi je ne suis pas Français, je suis Marocain" », rapporte-t-elle avant d’ajouter : Ils le disent alors que leurs grands parents se sont peut-être battus pour la France ».

Les élèves ne comprennent pas non plus des Français d’origine immigrée se radicalisent pour se positionner contre leur pays. « Les jihadistes d’origine marocaine devraient apprendre ce que leurs grands-pères ont fait pour la France au lieu d’aller commettre des attentats », estime Laura. Son camarade, lui aussi, abonde dans le même sens: « ils se sont battus pour nous, mais pour une bonne causes, alors que ceux qui vont faire le jihad [prônent] le massacre, ils n’ont rien compris ».

Récupération de patrimoine

Le périple de lycéens de Noisy-le-Sec s’est achevé avec une visite du musée du judaïsme de Casablanca où ils ont pu découvrir l’histoire de la cohabitation pacifique entre musulmans et juifs. « J’aimerais que ce soit comme ça en France », lance Laura qui, d’origine juive par son père est musulmane par sa mère, souffre de tiraillements entre les deux communautés dans l’hexagone.

Pour les élèves, ce voyage leur a ouvert les yeux. Leurs enseignants se disent satisfaits et certains que ces jeunes lycéens ne seront désormais plus les mêmes. « Quand on parle de la seconde guerre mondiale, ils disent : "c’est pas notre histoire". Mais si, la preuve, les grands-pères ont joué un rôle important dans la libération de la France et ce qu’elle est devenue aujourd’hui », rappelle Samia Essabaa, l’enseignante d’anglais qui a organisé le voyage. Et de conclure : « On a contribué à quelque-chose. Les élèves ne connaissaient pas leur histoire. Ils sont venus récupérer leur patrimoine ».

25/03/2016, Ristel Tchounand

Source : Yabiladi

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