dimanche 24 novembre 2024 20:38

Catalogne : Les Marocains, cible des discours politiques xénophobes

Face à la montée de la xénophobie dans le milieu politique et la subtilité que peuvent parfois présenter certains discours, un groupe de recherche espagnol vient d'élaborer une méthode pour déterminer le caractère xénophobe des discours politiques. Le cas de la Catalogne montre que les Marocains sont la principale cible.

Josep Anglada, chef du PxC, un parti d'extrême droite catalan anti-immigration qui s'en prend souvent à la communauté marocaine.

Désormais, le citoyen lambda pourra aisément identifier le discours politique xénophobe, même le plus subtile. Le Groupe de recherche interdisciplinaire en immigration (GRITIM) de l’Université Pompeu Fabra à Barcelone vient de mettre en œuvre une méthode d’identification de ce type de discours, rapporte le site El Pajarito.

Le GRITIM a étudié le cas de la Catalogne où réside un grand nombre d’étrangers, dont des Marocains. Concrètement, le Groupe a analysé de 130 sources d’informations émanant des manifestations, des débats parlementaires et entrevues avec les médias menés entre 2007 et 2012, par six partis politiques : Dont trois partis de gauche (ERC, ICV, PSC), deux de centre-droit (CiU, PPC) et un d’extrême droite (PXC).

Trois critères de base caractérisent un discours politique xénophobe

D’après la méthode retenue par le Groupe de recherche, un discours politique est considéré comme xénophobe lorsqu’il satisfait les trois premiers des 15 critères inclus dans la méthode du GRITIM. Le premier est relatif à la présentation d’un discours adressé uniquement aux personnes disposant du droit de vote, si les étrangers en sont exclus. Puis, la transmission d’une image de l’immigration dans les limites de la polarisation et du conflit. Enfin, l’emploi de termes négatifs et exagérations pour l’exposition de ces idées aux électeurs. « Ces trois critères sont la base pour déterminer que le message est xénophobe. Le reste nous aide à voir comment il est articulé », indique Richard Zapata-Barrero, directeur de GRITIM.

Dans le déroulé de l’étude, seul le parti d’extrême droit PxC répondait aux 15 critères. Il est donc perçu comme le groupe politique le plus raciste. En outre, seuls les socialistes et l'ICV n'ont rempli les trois premiers critères. Néanmoins, « cela ne signifie pas que ces partis sont bons, car ce n’est pas assez d’avoir un discours neutre. Il faut carrément être anti-xénophobe », remarque M. Zapata-Barrero.

Les Marocains sont victimes à cause de la religion

L'étude montre que la religion est l’aspect le plus attaqué par les politiques. « Ceux qui ne sont pas chrétiens ont été les plus touchés », précise le directeur du GRITIM. D’après l’hypothèse retenue pour, cela s’explique par la distance culturelle qui sépare les hommes en matière de religion. « Nous avons recensé les rejets et préférences. Les résultats montrent que les Marocains sont très négativement perçus. En revanche, les Latino-Américains jouissent d’une certaine préférence », relève M. Zapata-Barrero.

C’est un fait en Catalogne, les Marocains sont souvent la cible de nombreuses attaques des politiques d’extrême droite. En 2011 notamment, le chef du parti d’extrême droite PxC Josep Anglada, était poursuivi pour incitation au racisme contre la communauté marocaine. Il était accusé d'avoir distribué, lors des élections municipales de 2007, des tracts visant à susciter au sein de la population des « sentiments d'hostilité, d'animosité, de mépris et de discrimination » à l'égard des immigrés marocains. L'homme avait totalement nié ces accusations et avait été acquitté. Mais sa réputation d'anti-immigration et d’islamophobe a eu raison de lui, il avait par la suite multiplié les attaques du genre.

Le discours xénophobe est souvent très répandu en période électorale en occident. Et cette pratique en généralement l'apanage de l'extrême droite, mais pas seulement. Certains politiques sont parfois beaucoup plus subtils. Selon le GRITIM, la méthode de détection du discours xénophobe devrait servir de « miroir » aux partis politiques pour une amélioration ou un changement de leur discours. Elle pourra également servir à ceux qui luttent contre la propagation du discours politique xénophobe.

14.04.2014

Source : Yabiladi

 

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