Pourquoi y a-t-il aujourd’hui 400 000 habitants de Belgique issus de l’immigration marocaine ? Et comment (le) vivent-ils ?
Sans doute cette double interrogation posée implicitement par l’ouvrage collectif "L’immigration marocaine en Belgique. Mémoire et destinée" (chez Couleur Livres) est-elle assez salvatrice pour déjouer un climat de suspicion grandissant envers l’immigrant.
Toute la richesse du recueil qui sera présenté ce vendredi à 19 heures à la Foire du Livre, est de se les reposer tant dans leur dimension historique que dans leur dimension contemporaine.
Derrière le pourquoi tout d’abord, le livre redessine en toile de fond les travaux lourds et peu qualifiants qui furent ceux proposés aux migrants dès la signature de la Convention entre la Belgique et le Maroc en 1964 (même si l’immigration avait précédé cette date). Pour la petite, ou la grande histoire même, c’est la catastrophe de Marcinelle de 1956 qui lance les négociations avec le Maroc. Face à l’Italie qui refuse dorénavant d’envoyer les siens en Belgique, notre pays décide de négocier au-delà des frontières de l’Europe.
Mais, à l’époque, les dirigeants du pays souhaitent également faire d’une pierre deux coups. A travers une politique familiale et la promotion du regroupement familial, l’objectif est "d’assurer l’équilibre démographique de la population belge vieillissante", particulièrement dans certaines provinces wallonnes.
L’échec des politiques scolaires tout comme les secteurs professionnels proposés aux migrants, les empêchent cependant de pouvoir entamer une véritable évolution socio-économique.
Le livre ne s’arrête pour autant pas aux aspects historiques. De par une approche multiple, il tente de discerner les conséquences et l’avenir de cette migration, mais aussi de donner enfin une place à ces immigrés dans les livres d’histoire de la Belgique, ce pays "divisé", cet "étrange laboratoire à l’épreuve de sa diversité".
27 février 2015
Source : lalibre.be