vendredi 29 novembre 2024 20:46

Ces femmes d'origine étrangère qui oeuvrent pour la France

Non les droits des femmes ne sont jamais acquis définitivement, oui la diversité est une richesse pour la République.

Comme chaque année, le 8 mars nous avons fêté la journée internationale des droits des femmes et c'est toujours l'occasion de faire un bilan des avancées en matière d'égalité pour cette moitié de la société française. Parmi ces femmes, une partie connait des difficultés accrues car elle cumule des handicaps liés à la fois à leur classe sociale, leur origine mais aussi leur sexe : je veux parler des femmes issues de la diversité.

C'est l'objectif que s'est donné le livre MarianneS (avec un grand s) que j'ai dirigé, que de parler de ces femmes, qui malgré ces déterminismes ont surmonté toutes les difficultés pour figurer désormais dans notre récit national. Ce livre dresse une fresque de deux siècles de féminisme à travers des figures féminines emblématiques issues de cette diversité. Elsa Triolet était russe, Nina Ricci italienne, Joséphine Baker noire américaine, la résistante Bertie Albrecht était allemande. Les pères de Françoise Giroud et de Simone Signoret étaient respectivement turc et polonais. Le père d'Ariane Mnouchkine était russe... Étrangères, elles ont participé à l'émancipation des femmes tout au long du XXe siècle. C'est la lutte pour l'égalité qu'elles ont porté de toutes leurs forces. Cette lutte est vitale et salutaire car elle fait jaillir l'espérance et la dignité.

Pendant ces deux siècles, le chemin pour la dignité des femmes fut long, raide, escarpé et semé d'embûches. C'est cette histoire faite de pointillés, de reculs et d'amnésie, mais aussi de victoires éclatantes, que j'ai essayé de raconter dans Le livreMarianneS.

Ces femmes entrées de plain-pied dans notre récit national m'ont permis de revisiter ce XXe siècle à l'aune de ces femmes de l'immigration illustres, toutes exemplaires par leur réussite incontestable, et qui sont devenues françaises par choix et par volonté. Elles ont aimé la France par-dessus tout et ont contribué, par leurs talents et leurs mérites, à enrichir son identité, parfois au-delà mêmes de nos frontières.

Elles sont MarianneS au pluriel, diverses et unies. Aujourd'hui fidèles à l'héritage de leurs ainées, d'autres femmes issues de la diversité poursuivent les luttes émancipatrices pour la dignité de toutes. Dans le livre, elles sont 13 femmes d'aujourd'hui, elles s'appellent Nadia, Hamida, Gisèle, Olivia, Samira, Fatima, Laurence, Yamina, Bornia, Élizabeth... Leurs parents ou grands-parents venaient d'ailleurs. Elles sont d'ici. Elles font la France.

Ces femmes ont le visage de la France que nous aimons, elles sont un hymne à l'intelligence, une ode à la diversité des origines et des territoires. Ce qui les lie et les rassemble est plus fort que ce qui les divise. Ce sont les valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité. Pour elles, la laïcité n'est pas une option mais une obligation.Elles sont la continuité des pionnières qui ont ouvert le chemin, la marque de notre héritage commun bienveillant à l'égard de toutes les altérités pourvu qu'elles soient respectueuses de notre "vivre ensemble". Vous allez découvrir chaque semaine dansLe Huffington Post un portrait de ces Marianne diverses, qui sont comme un pied de nez à ceux qui pensent que la diversité n'est pas soluble dans la République.

Je veux remercier particulièrement les historiens de l'Achac, qui m'ont aidée dans la première partie du livre à retrouver le fil de cette histoire trop longtemps enfouie et occultée. Mes remerciements vont aussi aux bénévoles de l'association « les Marianne de la diversité » qui sont l'âme du texte que j'ai dirigé. Remerciement aussi aux personnalités qui m'ont accompagnée et qui ont su transcender les clivages politiques traditionnels: Bariza Khiari, Fabienne Keller et Marielle de Sarnez, et qui montrent ainsi que notre pays est capable de se rassembler pour des causes vitales pour notre pacte républicain. Un remerciement aussi à mon éditeur, les éditions de l'Atelier et à ses équipes qui ont pris le pari avec moi, d'explorer cette double approche en faisant rimer égalité des femmes avec diversité.

Je forme le voeu que ce livre trouve le chemin de vos cœurs. Qu'il contribue à donner aux élèves, collégiens et lycéens, aux associations de jeunesse, aux élus et à nos concitoyens, la confiance dans notre république et dans son génie intégrateur qui a fait que les immigrées d'hier sont devenues les Françaises de demain.

Je souhaite que ce livre devienne aussi, pour les femmes moquées, violentées ou découragées, un motif d'espérance. Qu'il serve à extirper le poison de la méfiance et de la peur de l'« Autre » qui mine notre pacte républicain. Ce livre a été écrit pour instiller la confiance en nous protégeant des identités meurtrières qui nous ont endeuillé ce janvier 2015 ou du « suicide français » chers aux populistes.

Ce livre est une réponse - modeste - à ceux qui croient aux identités heureuses. Puisse-t-il vous inviter à puiser dans le passé, la force d'engager aujourd'hui et de poursuivre demain les luttes émancipatrices pour la dignité de tous. Découvrez chaque semaine cette France qui avance, qui n'a pas peur et qui croit en ses talents. Elle s'appelle Fatima, Elisabeth, Bornia et Samira et... tant d'autres.

17/03/2015, Fadila Mehal 

Source : huffingtonpost.fr

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