Plus de 100 millions de travailleurs migrants chinois vont recevoir d'ici 2020 un permis de résidence urbain leur permettant de bénéficier de prestations sociales accrues, selon un ambitieux programme d'urbanisation dévoilé par le gouvernement.
Le "plan national pour un nouveau modèle d'urbanisation", rendu public dimanche et couvrant la période 2014-2020, vise à des améliorations tangibles sur l'offre de services publics, la qualité de l'air --dans un pays miné par la pollution--, ou l'étendue des transports publics.
Les autorités veulent accélérer le mouvement d'urbanisation en cours, de sorte que 60% de la population chinoise vive en ville d'ici à 2020, tout en veillant à ce que 45% d'entre eux soient en possession d'un permis de résidence adéquat.
Faute de ce permis (ou "hukou"), les ruraux venus travailler en ville sont largement privés d'accès aux services publics, éducation et santé surtout. En 2012, la Chine comptait 52,6% d'urbains, dont seuls 35,3% possédaient un hukou urbain.
"L'urbanisation est un puissant moteur pour le maintien d'un développement soutenable et sain de l'économie", selon le plan, qui prévoit que ces nouveaux urbains favoriseront "l'expansion de la consommation", la demande intérieure devenant le "moteur fondamental" du développement de la Chine.
La nouvelle direction chinoise entend réorienter son modèle de croissance vers la consommation intérieure.
Mais selon le plan, l'urbanisation attendue va "susciter une énorme demande d'investissements dans les infrastructures urbaines, les équipements de services publics et le logement, ce qui alimentera" la croissance.
En outre, 99% des enfants de migrants devront être scolarisés durant neuf ans, et 95% des ruraux et autres chercheurs d'emploi devront recevoir une formation gratuite.
Et 23% des urbains devront avoir accès à des logements à loyers modérés --une question brûlante à l'heure où les prix de l'immobilier grimpent en flèche--, soit le double du niveau de 2012.
Quant aux personnes âgées, elles devront être 90% à recevoir une pension de base, contre 66,9% en 2012.
Dans les villes de plus d'un million d'habitants, les transports en commun devront compter pour 60% des moyens de déplacements motorisés, contre 45% en 2012.
La moitié des nouveaux bâtiments devront être "verts", contre 2% en 2012, et 60% des villes devront répondre aux critères sur la qualité de l'air, contre 40,9% en 2010.
"Ils essaient d'inverser la direction prise" jusque là, a estimé Tom Miller, l'auteur, basé à Pékin, du livre "China's Urban Billion" (Un milliard d'urbains en Chine), qui s'interroge toutefois avec d'autres experts sur la mise en oeuvre du plan, avertissant que "le diable se cache dans les détails".
17/3/2014
Source : AFP