jeudi 26 décembre 2024 23:28

Comment la France lutte-t-elle contre les mariages forcés ?

En France, 70 000 mineures sont menacées de mariages forcés. Entre campagnes de prévention, lois et associations, tout est mis en œuvre afin d’éviter cette pratique.

Le droit civil français est clair : il ne peut pas y avoir de mariage sans consentement (article 146). Pourtant, selon le GAMS (Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles), il y a encore 70 000 jeunes filles de moins de 18 ans qui sont menacées de mariages forcés en France. Une lettre de l'Observatoire National des Violences faîtes aux Femmes, de 2014, explique que 700 millions de femmes dans le monde ont été mariées avant leur 18 ans, tandis que 250 millions de mineures ont été mariées avant leur 15 ans. Insultes, menaces, chantage, culpabilisation, coups, mises à la porte, séquestration, ou encore tentatives de meurtre sont le quotidien de toutes ces victimes. La faute à un "système patriarcal", selon Isabelle Gillette-Faye, directrice du GAMS. Elle explique que le meilleur moyen de lutter contre ces mariages précoces serait de faire une véritable campagne institutionnelle, en parlant sans cesse des violences faites aux femmes, "car si on n'en parle pas, les victimes ne s'autorisent pas non plus à en parler".

Le groupe GAMS fait déjà des missions de sensibilisation dans les lycées et les collèges. Les jeunes rencontrent des professionnels qui sont là pour les informer et les protéger. Car la plupart des victimes qui viennent voir l'association sont tout juste majeures ou ont 25 ans maximum. C'est le cas d'une victime, dont Isabelle Gillette-Faye nous raconte la terrible histoire : "Une jeune fille de 17 ans est venue nous voir. Elle était scolarisée, et avait de bons résultats à l'école. C'était une bonne élève. Un jour elle a eu un petit-ami et sa mère en a été informée. Elle avait été surprise en train de fumer une cigarette aussi. Alors sa maman a décidé de la marier de force à un cousin pour la recadrer".

Que prévoit la loi ?

Le site diplomatie.gouv.fr a mis en place plusieurs conseils pour les jeunes filles se déplaçant à l’étranger et qui craignent une union forcée. Véritable mission commando, l’action recommande de faire des photocopies des pièces d’identités, et autres documents importants. Sans oublier d’emporter avec soi une somme d’argent qui permettra d’appeler de l’aide en cas de nécessité et surtout, de trouver une personne de confiance. La Lettre de l'Observatoire National des violences faîtes aux femmes explique que, selon l'article 146 du Code Civil, si un des deux époux à été contraint à une union, le mariage peut être annulé dans un délai de cinq ans à compter du jour de l'union. Pour les mineures, l'annulation est automatique. Une ordonnance de protection peut être délivrée par le juge des affaires familiales à une personne majeure. La victime peut aussi demander une interdiction de sortie du territoire. Les mineurs dépendent de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) et peuvent aussi demander cette interdiction au juge des enfants. Depuis 2013, une personne qui oblige une union arrangée s'expose à 3 ans d'emprisonnement et 450 000 € d'amende.

Quelques chiffres

Les premières victimes sont les immigrées (Maghreb, Turquie et Afrique Subsaharienne). 4 % des femmes immigrées vivant en France et 2 % des filles d'immigrés nées en France et âgées de 26 à 50 ans ont subi un mariage non-consenti. Dans le monde, selon le Fonds des Nations unies pour la population, 14,2 millions de filles de moins de 18 ans seront mariées chaque année d'ici 2020 dans les pays en voie de développement. Ce qui équivaut à 27 filles de moins de 18 ans mariées toutes les minutes. Plus de 250 millions de femmes ont été mariées alors qu'elles étaient enfants.

13 décembre 2016, Violette Salle 

Source : aufeminin.com

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