Les Suisses sont appelés à se prononcer sur la libre circulation des travailleurs étrangers vers la confédération. Le débat est vif : s'ils décident de contrôler l’immigration, ce choix ne restera pas sans conséquences sur les relations de la confédération avec l’Union Européenne.
Le sujet est débattu en Suisse, et tout le monde a son mot à dire. Les politiques, à l’origine de l’initiative, ceux de l’UDC de Christoph Blocher. Les représentants des milieux économiques, entrepreneurs, agriculteurs, qui s’opposent au contrôle de l’immigration. Les institutions, le Conseil fédéral, les cantons, qui s’expriment sur la question.
Les médias helvètes relayent les débats, interrogent des experts, publient chiffres et sondages : l’opinion suisse s’informe, elle discute - l’immigration, un sujet qui interpelle dans la confédération.
Une libre – circulation depuis 2007
Depuis 2007 et l’application des accords bilatéraux de libre circulation entre la Suisse et l’Union Européenne, l’immigration s’envole.
En 2012, 29% des salariés suisses et plus de 23% des résidents sont des étrangers. En tout, aujourd’hui, quelques 8 millions de personnes vivent dans la confédération, en 2050, ils devraient être 10 millions…
« C’est tout le problème », explique Christophe Blocher. « La Suisse est un petit pays, avec des montagnes, beaucoup de forêts, nous ne pouvons pas accueillir tout le monde sans fixer de limite ! Les infrastructures saturent déjà, les hôpitaux, les routes, alors non, il faut à nouveau contrôler l’immigration ». Et Blocher d’ajouter : « Les salaires Suisses attirent du monde, notre niveau de vie fait envie… pour le moment, tout va bien, mais en cas de récession, comment ferons-nous ? Il faudra bien aussi s’occuper de toutes ces personnes étrangères qui vivent ici, et qui demanderont l’aide de l’Etat suisse ! ».
Un taux de chômage à quelques 3%
Si les adversaires de Christophe Blocher, les milieux économiques notamment, lui concèdent qu’il faudrait réfléchir aux infrastructures du pays en cas de croissance de la population, ils réfutent les arguments économiques de l’UDC. « Les immigrés génèrent plus de 5 milliards d’euros de bénéfices dans la confédération », explique Marc Jaquet, président du groupement des employeurs bâlois. « Ils sont notre main d’œuvre, ils travaillent pour une économie qui va bien. Notre taux de chômage est de quelques 3% actuellement, où est le problème ? ».
Ceux qui sont favorables à la libre circulation des travailleurs le soulignent, Le OUI au contrôle de l’immigration éloignerait la Suisse de l’Union Européenne, qui pourrait alors geler toutes les négociations bilatérales en matière de commerce ou de recherche… « Bien sûr, les pays de l’Union pourraient s’offusquer, dans un premier temps, de la fin de la libre-circulation », admet Christophe Blocher. « Mais laissons leur un peu de temps, et rapidement, ils réaliseraient que notre décision n’a pas plus de conséquences que cela ! Nous sommes le troisième client de l’Union Européenne, et le contrôle de l’immigration ne signifie pas la fermeture totale des frontières suisses ! ».
Diront – ils OUI à l’initiative ?
« Peut – être que l’Europe pourra vivre avec une Suisse qui contingente l’immigration », lui répond Marc Jaquet. « Mais quel handicap pour les entreprises, s’il faut revenir aux paperasseries, aux déclarations, aux autorisations, le système en vigueur avant 2007 ! ».
Le 9 février, les suisses se prononceront sur la proposition de contrôler l’immigration…
Les sondages, qui jusqu’à présent donnaient la majorité aux opposants à l’initiative, font état ces derniers jours d’une augmentation du nombre de Oui à la fin de la libre circulation : ils seraient 43% à y être favorable, et 50% à s’y opposer… Les indécis pourraient faire pencher la balance dimanche prochain.
01/02/2014 ,Yvonne Roehrig
Source : France3