mercredi 27 novembre 2024 23:37

Dans le gymnase de Sant'Agostino, des rescapés du séisme attendent un lit

Réfugiés dans le gymnase de Sant'Agostino, près de Ferrare, touchée par un fort séisme dans la nuit de dimanche à lundi, des rescapés perdent patience: on les a conduits là, mais rien n'est prévu pour les accueillir.

"Ils nous ont dit de venir ici, mais il n'y a rien. J'espère qu'au moins ils nous donneront à manger", s'inquiète Fatima, 23 ans, originaire du Maroc.

"Le toit de ma maison est tombé et on m'a dit de venir ici mais je ne vois pas où on peut dormir", raconte un anonyme, perdu au milieu d'une centaine de personnes, réfugiées là, tentant de se réchauffer sous des couvertures.

"Au moins ils m'ont donné quelque chose à manger ici", se console-t-il en grignotant des crackers dans un coin où un petit bar propose des sandwichs.

Perdu dans cette grande structure, revêtue du linoleum d'un terrain de basket mais entièrement vide, Angelo Delprete, 38 ans, attend là avec sa femme et leur bébé d'un an.

"On m'a dit que je pouvais rentrer chez moi, mais j'ai peur, j'ai un bébé et je ne veux pas revivre ce qui s'est passé cette nuit", dit-il, avant d'ajouter : "on va dormir ici même s'ils n'apportent pas de lits ni rien. Au moins c'est sûr !!"

"Je tremble encore, la maison bougeait tellement qu'on ne pouvait même pas s'enfuir... Quand on est descendus dans la rue c'était comme être sur la mer, la terre bougeait", raconte-t-il, encore sous le choc.

"On n'a pas de gaz, on n'a pas d'eau, d'électricité, qu'est ce que je vais faire là-bas ?"

Un représentant local de la protection civile qui ne souhaite pas donner son nom ne cache pas sa frustration. "On ne nous a pas encore dit que faire. C'est la confusion ici. On attend et on compte les gens qui arrivent mais c'est tout ce qu'on peut faire", dit-il manifestement irrité.

En fin d'après-midi, quelque 200 personnes s'étaient déjà réfugiées dans le gymnase et des rescapés - italiens mais aussi immigrés originaires du Pakistan ou du Maroc - continuaient d'affluer.

Malek, 25 ans, un Pakistanais qui tient dans ses bras son fils de deux ans explique : "on veut dormir ici. Notre maison n'est pas touchée mais les enfants ont trop peur d'y retourner".

Le responsable de la protection civile est originaire de San Carlo. "On a travaillé depuis le séisme sans s'arrêter, le plus dangereux maintenant ce n'est pas les maisons mais les fuites de gaz, on essaie de les contrôler", ajoute-t-il, alors que de nombreuses secousses continuent d'être ressenties après le tremblement de terre qui a fait au moins six morts.

Dans la foule, beaucoup d'enfants souvent petits, deux vieilles dames en chaise roulante, une femme avec son petit chien, un homme qui fume cigarette sur cigarette.... "J'en ai encore la chair de poule. Quand j'ai senti la secousse je suis allé prendre mon bébé dans son berceau mais je ne le trouvais pas: avec le choc, je n'avais pas compris que ma femme l'avait déjà emmené dehors. J'ai crié, j'étais désespéré", raconte-t-il.

"C'était comme une mitrailleuse. Ratatata. Cela n'arrêtait pas de trembler. Tout tombait : les assiettes, les verres, les meubles. Je me suis coupé les pieds en courant à l'extérieur", se souvient-il.

Pour lui, c'est décidé: "on va dormir dehors, même le gymnase je ne suis pas sûr qu'il puisse tenir le coup!"

20 mai 2012, Dario THUBURN

Source : AFP

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