mercredi 27 novembre 2024 10:52

Débat d’experts sur la question de l’immigration

Pierre Henry, directeur de l’association France terre d’asile : « Développer les visas de circulation »

« La volonté de déplacement des personnes qui veulent bâtir un projet de vie en France sera toujours plus forte que les efforts pour contrôler leur arrivée et leur présence. En dix ans, pas moins de six textes de loi ont été votés pour restreindre l’immigration. Les résultats ne suivent pas : près de 189 000 titres ont été délivrés en 2010, contre 181 000 en 2002. Comment peut-on penser qu’en baissant même de 10 000 personnes l’immigration professionnelle, on pourrait permettre une diminution du chômage, qui se compte en millions ?

Cette mise en rapport est faite seulement par commodité idéologique. En réalité, le durcissement de la politique des visas a surtout encouragé l’immigration irrégulière, puisqu’elle coûte moins aux migrants que la voie légale.

Je crois que nous pourrions changer de perspective et trouver une position d’équilibre en développant les visas de circulation, valables pour une durée à déterminer, qui permettrait des allers-retours entre la France et les pays d’accueil. Cela permettrait d’accompagner le retour au pays dans un souci de développement. Ces dernières années, beaucoup trop de mots prononcés publiquement et visant les migrants ont blessé pour rien. »

Louis Trujillo, délégué du défenseur des droits à la préfecture des Yvelines : « Un retard cumulatif sur l’ensemble des dossiers »

« Aujourd’hui, les flux d’immigrés sont trop importants dans les Yvelines par rapport aux moyens des services de la préfecture. Les conditions d’accueil n’y sont pas de bonne qualité. Le problème de surcharge n’est pas le même partout. L’immigration se concentre surtout sur l’Île-de-France, les Bouches-du-Rhône, le Nord-Pas-de-Calais et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il s’agit donc essentiellement d’un problème de répartition.

Beaucoup de personnes qui viennent nous voir pour une médiation sont entrées en France avec un visa touristique, puis demandent une régularisation. En réalité, ils ont très peu d’espoir, à terme, de rester sur le territoire, car globalement l’administration a durci son interprétation des textes sur les demandes de titres de séjour.

Mais l’État n’a pas les moyens de les expulser tous d’un coup, alors on leur donne des récépissés de trois mois, en attendant qu’ils soient éloignés. Cela entraîne un retard cumulatif sur l’ensemble des dossiers à traiter au service des étrangers, car plus on repousse les échéances, plus on doit reprendre le dossier en considération avec des éléments nouveaux et mis à jours. »

21/3/2012, RECUEILLI PAR J.-B. F

Source : La Croix

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