mercredi 27 novembre 2024 04:40

Délinquance: les étrangers mis en cause dans une étude, à 2 mois de la présidentielle

Des étrangers ont été mis en cause dans près d'un vol sur six en 2011 (17,3%, contre 12,8% en 2006), selon un rapport publié mercredi, jour de l'annonce de la candidature à la présidentielle de Nicolas Sarkozy, dont l'immigration devrait être un axe de campagne. ( © AFP Martin Bureau)
PARIS (AFP) - Des étrangers ont été mis en cause dans près d'un vol sur six en 2011 (17,3%, contre 12,8% en 2006), selon un rapport publié mercredi, jour de l'annonce de la candidature à la présidentielle de Nicolas Sarkozy, dont l'immigration devrait être un axe de campagne.
Selon cette étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), commandée par le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, sur près de 306.000 "mis en cause" par la police et la gendarmerie en France, pour des vols ou dégradations, 17,3% sont des étrangers.
Ce chiffre est rendu public au lendemain de l'annonce de l'examen le 1er mars à l'Assemblée nationale d'un projet de loi UMP inspiré par la place Beauvau et tendant à augmenter les expulsions d'étrangers condamnés. Depuis fin décembre, Claude Guéant pointe du doigt "une délinquance étrangère supérieure à la moyenne enregistrée dans notre pays".
Aux yeux du Monsieur Sécurité du candidat socialiste François Hollande, François Rebsamen, pour qui "il n'y a pas de hasard en politique", la publication de cette étude, à deux mois de la présidentielle, "imprime l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy d'un parfum nauséabond".
Si l'Intérieur, contacté par l'AFP, n'a pas immédiatement réagi, le député UMP Eric Ciotti a salué la "confirmation" d'une "surreprésentation" des étrangers, notamment des Roumains, dans la délinquance. A ses yeux, ce travail "balaie la polémique un peu ridicule après le discours de Grenoble", prononcé à l'été 2010 par Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat y établissait pour la première fois un lien entre délinquance et immigration.
Louis Aliot, vice-président du FN, a salué le fait que, pour "la première fois", "un organisme officiel pointe la corrélation" entre "immigration et insécurité" et "ouvre les yeux de tous nos compatriotes sur les méfaits d’une immigration massive et incontrôlée".
L'étude détaille la "part des étrangers" dans plusieurs catégories d'infractions, à partir des statistiques officielles.
Pour les violences aux personnes par exemple, point noir depuis quelques années, elle est de 12,4%, un chiffre en baisse par rapport à 2006 (14,2%). Pour les atteintes aux biens, elle est en revanche en hausse (12,8% à 17,3%).
Sur la base de deux fichiers de police et de gendarmerie, le Stic et la BNSD, l'ONDRP a également tenté de définir l'âge, le sexe et la nationalité des étrangers "mis en cause" entre 2008 et 2010.
D'après le Stic -un fichier contesté, notamment par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil)-, le nombre de Roumains a "plus que doublé" pour cette période. Il a augmenté "de près de 95%", selon la BNSD.
"Le nombre de personnes de nationalités de l'ex-Yougoslavie mises en cause pour vols s'est accru de plus de 65%" pour la police, "de plus de 90%" pour les gendarmes.
Selon le Stic, il y a une augmentation globale d'environ 40% du nombre d'étrangers "mis en cause" par la police sur cette période. Cette "tendance à la hausse" concerne aussi "les mis en cause pour vols d'autres nationalités", affirme l'ONDRP, citant les Algériens ou les Tunisiens.
En 2010, selon la Chancellerie, 79.829 des 628.039 condamnations ont été prononcées contre des étrangers (y compris de l'UE), soit une part de 12,7%. Dans son recensement de 2008, l'Insee estime que les étrangers en situation régulière représentent un peu moins de 6% de la population française totale.
Le criminologue Alain Bauer, président de l'ONDRP, comme d'autres sociologues tel Sébastian Roché (CNRS), mettent en garde contre "l'interprétation" des chiffres. Pour Sébastian Roché, ils peuvent conduire à comparer "deux populations qui ne sont pas comparables", les étrangers étant "plus pauvres", "plus urbains" et dotés d'"un niveau scolaire plus faible".  (Consulter le rapport)
15/2/2012
Source : Libération/ AFP

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