Entre des fidèles musulmans et catholiques rassemblés dans une même communion à la cathédrale de Rouen dimanche et les amalgames honteux de Nadine Morano lundi matin sur BFM TV entre immigration, islam et islamisme radical, il est clair que l’exemple à suivre se trouve du côté des premiers.
Et que la seconde ne fait que valider la stratégie de l’Etat islamique qui consiste à fracturer notre société. De manière plus large, les rassemblements de croyants en hommage au père Hamel marquent les esprits par leur ampleur et la sincérité du message qu’ils ont véhiculé. A l’inverse de celui attendu par les fanatiques. Les autorités religieuses avaient appelé à ne pas céder aux sirènes de la division et elles ont été entendues. Voilà pour l’image, elle est nécessaire, elle est profonde et sincère, mais il faut aller plus loin, et donner une chance de concrétiser cette entente dans les faits. Peut-être est-ce enfin l’occasion de donner les moyens à l’islam de France d’exercer son culte de manière apaisée et de régler enfin les questions de formation des imams, de financement des mosquées, et de lutte contre des pratiques radicales… S’il s’agit d’un chantier essentiel à long terme pour les musulmans souhaitant simplement pratiquer leur religion et pour permettre aux autorités religieuses de trouver une place en phase avec la société française, cela ne réglera pas à court terme la question du terrorisme qui nous frappe. Ne nous trompons pas de combat. Les ruptures dans la société française sont plus larges que ça. Le pape François a lui-même souligné qu’«il n’est pas exact de dire que l’islam, c’est le terrorisme». Faire ce lien, c’est faire croire que tout repose sur les épaules de l’islam de France. Il suffit de regarder les parcours de certains terroristes, ici ou ailleurs, pour comprendre qu’il faudra trouver d’autres leviers pour lutter contre cette radicalisation qui revêt bien des visages.
1 août 2016 , David Carzon
Source : Libération