Le Maroc renforce son contrôle sur les zones montagneuses voisines de Sebta et Mellilia, alors que les immigrés dont la majorité est originaire des pays subsahariens, font de plus en plus la pression sur ces deux présides occupés, en dépit des mesures prises aussi bien par les autorités marocaines qu’espagnoles.
En effet, la police marocaine a renforcé sa présence dans le mont Gourougou (Nador) et également dans les monts avoisinant la ville de Sebta pour empêcher ces immigrés d’approcher des clôtures séparant le Maroc de ces deux présides, comme l’a précisé le quotidien espagnol El Pais en rappelant que cette mesure a été prise après la réunion tenue, le 20 février dernier à Paris, entre le ministre de l’Intérieur, Mohammed Hassad, et son homologue espagnol, Jorge Fernández Díaz.
Le 6 février dernier, 15 Subsahariens avaient trouvé la mort par noyade au large de Sebta, alors qu’ils tentaient d’entrer à la nage dans cette ville. Certains survivants avaient accusé la Guardia civil espagnole d’avoir causé ce drame en tirant des balles de caoutchouc en leur direction. L’UE, des partis d’opposition et des ONG défendant les droits de l’Homme avaient alors sévèrement critiqué le comportement de la Guardia civil.
Dans le même sens, le Commissaire des droits de l’Homme au Conseil d’Europe, Nils Muiznieks, avait tancé l’Espagne pour la manière avec laquelle elle traitait les immigrés clandestins. Il avait, en effet, demandé l’’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités concernant ce drame. « Il est nécessaire de jeter la lumière sur ce qui s’est passé et de faire en sorte que les responsables rendent compte de leurs comportements erronés. Il faut traiter la question migratoire davantage comme une question des droits de l’Homme que comme un problème de sécurité », avait-il expliqué dans un entretien publié hier sur le portail Internet d’El Pais.
Ce responsable avait, pour rappel, vivement critiqué la décision des autorités espagnoles d’avoir posé, l’année dernière, des barbelés sur la partie supérieure de la triple barrière grillagée qui entoure le préside occupé et qui est longue de onze kilomètres et haute de sept mètres.
Nouvel afflux d’immigrés subsahariens
Un groupe de 15 immigrants clandestins, dont une jeune fille, est arrivé lundi sur une embarcation de fortune jusqu'à Mellilia tandis que trois autres sont parvenus à entrer, en passant sous la barrière grillagée, dans l'autre préside occupé qu’est Sebta, ont annoncé les autorités espagnoles
"Un bateau pneumatique, avec 15 immigrants à bord, est parvenu ce matin à l'aube à entrer à Mellilia, vers 01H45, à travers la zone du port commercial", explique la préfecture de ce préside dans un communiqué.
"Les immigrants en sont sortis et sont partis en courant dans le port, où ils ont été interceptés par la Guardia civil", précise-t-elle. Tous sont des "hommes adultes sauf une femme mineure".
A quelque 400 kilomètres de là, trois immigrants "sont parvenus à traverser la barrière grillagée en passant en dessous, par une canalisation", a indiqué un porte-parole de la préfecture de Sebta.
Dimanche, "trois autres sont entrés en passant par-dessus", a-t-il ajouté.
Un groupe de 32 immigrants clandestins avait également été secouru le même jour par la Guardia civil alors qu'il tentait de gagner en bateau pneumatique Mellilia, dans une mer agitée.
D'autre part, la Guardia civil a annoncé dimanche avoir découvert un immigrant subsaharien caché dans une valise lorsqu'un citoyen marocain tentait de passer un poste de Melilla. "Les difficultés qu'il avait à la traîner ont éveillé les soupçons des gardes civils", a expliqué un communiqué.
"La personne qui était cachée à l'intérieur est un jeune de 19 ans, d'origine subsaharienne, sans papiers, qui dit venir du Mali", selon la Guardia civil.
Vendredi, quelque 200 migrants d'Afrique subsaharienne avaient pénétré à Mellilia lors d'un assaut massif, le plus important des dernières années, sur la barrière grillagée qui sépare ce préside occupé du reste du Maroc.
Tous sont hébergés dans le centre d'accueil du gouvernement espagnol, débordé par les vagues de clandestins qui se sont succédé depuis le début de l'année.
4 Mars 2014, T.M
Source : Libération