samedi 30 novembre 2024 17:29

En Allemagne, le patronat prend position dans le débat sur l'immigration

Alors que le pays connaît une vague de protestation anti-islam, Ulrich Grillo, le président de la Fédération allemande de l'industrie (BDI), qui rassemble plus de cent mille entreprises, employant au total huit millions de salariés, estime, dans un entretien à l'agence de presse allemande DPA que l'Allemagne devait accueillir plus de réfugiés.

« Nous sommes depuis longtemps un pays d'immigration et nous devons le rester. En tant que pays prospère et aussi par amour chrétien de son prochain, notre pays devrait se permettre d'accueillir plus de réfugiés. Je me distancie très clairement des néonazis et des racistes qui se rassemblent à Dresde et ailleurs. Nous devons nous opposer à toutes les formes de xénophobie. »

LA PEUR DES MANIFESTANTS

M. Grillo souligne que l'Allemagne, pays dont la population est vieillissante, a besoin de main-d'œuvre qualifiée étrangère. « En raison de notre évolution démographique, nous assurons de la croissance et de la prospérité avec l'immigration. »

En 2013, l'Allemagne comptait environ 7,6 millions d'étrangers sur son sol, sur une population de 81 millions d'habitants, soit un niveau record depuis la mise en place de statistiques. Le pays, réputé pour sa bonne santé économique actuelle, notamment son faible taux de chômage, est devenu la principale destination d'immigration en Europe.

Pour la chargée des questions d'intégration au sein du gouvernement, Aydan Özoguz, lutter contre le racisme passe par un travail préventif. « Nous devons faire davantage en matière de diffusion du savoir. Cela nécessite certes plus de temps, mais cela a un impact plus durable. » Elle se dit « inquiète » du profil des manifestants :

« Qui ont peur personnellement du déclassement social, qui craignent de devenir des étrangers dans leur pays, en passant par ceux qui ont une haine diffuse à l'égard de l'islam ».

MULTIPLES MANIFESTATIONS CONTRE « L'ISLAMISATION EN ALLEMAGNE »

Depuis plusieurs semaines, des manifestations contre « l'islamisation en Allemagne » se sont multipliées et ont gagné en intensité. A Dresde, le mouvement Pegida, un acronyme pour « Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident », à l'initative des rassemblement, organise ainsi chaque semaine des « manifs du lundi », sur le modèle de celles qui, il y a vingt-cinq ans, ont fait tomber le mur de Berlin.

Lundi 22 décembre, pour leur dixième manifestation d'affilée, les pro-Pegida sont parvenus à réunir quelque 17 500 personnes, 2 500 de plus que la semaine précédente. Au fil des semaines, le mouvement a pris de plus en plus d'ampleur, rassemblant des néonazis et des militants d'extrême droite, mais aussi et surtout de simples citoyens, inquiets face à l'afflux de réfugiés.

Le gouvernement allemand a condamné ces mobilisations, à l'instar de la chancelière conservatrice, Angela Merkel, pour qui il n'y a pas de place en Allemagne « pour l'incitation à la haine et la calomnie ». Diverses contre-manifestations ont également vu le jour. Lundi soir, 12 000 personnes, selon la police, ont ainsi défilé contre Pegida à Munich avec pour mot d'ordre « les réfugiés sont les bienvenus ».

23.12.2014

Source : .lemonde.fr

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