La crise migratoire qui secoue l'Europe depuis plusieurs mois nourrit la rhétorique des formations populistes à travers le continent et dope leur audience, à l'image de l'AfD en Allemagne ou du parti néo-nazi Notre Slovaquie.
Tour d'horizon des principales formations populistes, anti-migrants ou d'extrême-droite en Europe :
LES PARTIS AU POUVOIR
Fer de lance de l'opposition à la politique migratoire généreuse de la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre hongrois Viktor Orban campe sur une ligne dure : défenseur de l'Europe chrétienne face aux musulmans, le président du parti populiste Fidesz a érigé une clôture à la frontière avec la Serbie pour juguler le flux de migrants dans son pays.
Une rhétorique qui booste sa formation, créditée de 33% dans les sondages, et profite aussi au mouvement d'extrême-droite, le très radical Jobbik (12%).
En Pologne, le parti conservateur Droit et Justice (PiS), revenu au pouvoir fin 2015, donne aussi dans la rhétorique anti-migrants : leader du PiS, Jaroslaw Kaczynski a ainsi mis en garde contre les dangers épidémiologiques et les "parasites" que les réfugiés pourraient apporter dans le pays.
LES NOUVELLES FORMATIONS
L'Allemagne, qui a accueilli 1,1 million de réfugiés en 2015, assiste depuis des mois à la montée en puissance du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), lancé en 2013.
Troisième force politique du pays selon les sondages, l'AfD surfe sur la crise migratoire et a enregistré une percée au scrutin municipal dimanche dernier. Les observateurs tablent sur un nouveau succès lors de trois scrutins régionaux dimanche, et spéculent sur son entrée au Parlement lors des législatives de 2017.
Lancé fin 2014 à Dresde, en ex-RDA communiste, le mouvement des Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident (Pegida) qui avait rassemblé 25.000 personnes après les attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015, semble lui à l'inverse en perte de vitesse.
En Slovaquie, où le Premier ministre Roberto Fico agite l'épouvantail migratoire, les néo-nazis de Notre Slovaquie (LSNS) ont fait leur entrée dimanche au Parlement (14 sièges). Lancé en 2012, LSNS est hostile aux Roms, à l'Otan et à l'UE.
LES PARTIS DÉJÀ EN PLACE
En France, le Front national (FN) surfe sur les succès électoraux depuis 2012. Fondé en 1972, il est présidé depuis 2011 par Marine Le Pen qui compare le flux de migrants à une "invasion". Prochaine échéance : la présidentielle de 2017. Tous les sondages annoncent la présence de Mme Le Pen au second tour.
Aux Pays-Bas, le débat sur les réfugiés redonne des couleurs au Parti pour la Liberté (PVV), de Geert Wilders. Lancé en 2006, le PVV dispose de 16 députés mais les sondages lui en promettent 36 si les législatives de 2017 étaient organisées maintenant.
En Autriche, le Parti de la Liberté (FPÖ), troisième force parlementaire, cartonne dans les enquêtes, avec 34% des voix, loin devant les sociaux-démocrates et les conservateurs au pouvoir.
Au Danemark, le Parti Populaire Danois (DF) est un partenaire incontournable pour les gouvernements libéraux. Fondé en 1955, le DF a raflé 21,1% des voix aux législatives de 2015 et dit être à l'origine de la mesure de confiscation des biens de valeur aux migrants pour financer leur accueil, entrée en vigueur début février.
Les Démocrates de Suède (SD), mouvement d'extrême-droite créé en 1998, étaient marginaux jusqu'à leur entrée au gouvernement en 2014. Ils ambitionnent désormais de devenir la principale force politique de Suède, la deuxième destination après l'Allemagne pour les réfugiés.
En Grèce, le parti néo-nazi Aube Dorée (18 députés) ne profite guère de la crise des migrants, qui touche pourtant de plein fouet le pays, et plafonne entre 5,1% à 6% des voix.
10 mars 2016
Source : AFP