jeudi 28 novembre 2024 23:47

En France, les musulmans s'inquiètent des "amalgames"

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a assuré dimanche la communauté juive de sa solidarité "fraternelle" après le démantèlement d'une cellule islamiste ayant apparemment pour cible des associations juives et a exprimé son inquiétude face aux "amalgames" visant les musulmans.

Le président François Hollande, qui a reçu dimanche des représentants de la communauté juive, a également appelé le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, pour l'assurer "que les auteurs d'actes criminels ne sauraient être confondus avec l'ensemble de la communauté musulmane de notre pays".

"Les musulmans de France ne doivent pas pâtir de l'islamisme radical, ils en sont aussi victimes" , a déclaré François Hollande.

M. Moussaoui a indiqué que le CFCM "assure la communauté juive de son soutien et de sa solidarité fraternels face à toutes les agressions qui visent ses membres et ses institutions".

"Au moment où des membres de réseaux extrémistes (...) font l'objet d'interpellations, le CFCM en appelle à la conscience et à la responsabilité de chacun afin d'éviter tout amalgame avec l'ensemble des musulmans qui sont profondément affectés par l'instrumentalisation faite de leur religion par ces individus", a-t-il dit.

Pour sa part le recteur de la Grande mosquée de Paris de Paris Dalil Boubakeur a appelé les organisations musulmanes chargées du culte "à réfléchir aux solutions pouvant permettre d'éviter la propagation d'activités terroristes contraires aux valeurs de la République et aux principes humanistes de l'islam".

Rappelant les attentats commis en mars dernier par Mohamed Merah (meurtrier de trois militaires et de quatre juifs dont trois enfants), M. Boubakeur a souligné que "cette affaire, loin d'être isolée et exceptionnelle, révèle malheureusement la présence et la formation de nouveaux candidats à la radicalisation d'un islam djihadiste" en France.

La police a démantelé samedi un groupe de douze jeunes Français, petits délinquants convertis à l'islam radical, soupçonnés d'avoir commis un attentat contre un magasin juif et projeté d'autres actions visant la communauté juive.

Le président du CFCM a aussi demandé que la pratique religieuse des musulmans ne soit pas "une source permanente de polémiques et de débats publics dont certains contribuent, malheureusement, à nourrir la stigmatisation et le rejet de l'autre".

Il exprime son inquiétude alors qu'un des principaux dirigeants de la droite, Jean-François Copé, a déclenché une polémique pour avoir évoqué lors d'un meeting le cas d'un jeune qui se serait fait "arracher son pain au chocolat par des voyous" au motif "qu'on ne mange pas au ramadan".

M. Copé, qui brigue la succession de l'ancien président Nicolas Sarkozy à la tête du principal parti d'opposition, l'UMP, a été sévèrement critiqué par la gauche qui l'accuse de reprendre les thématiques de l'extrême-droite, mais aussi par une partie de la droite.

François Baroin, l'ancien ministre des Finances de Nicolas Sarkozy, a estimé que "ces petites phrases sont toxiques et dangereuses" et "altèrent le pacte républicain"

François Hollande a pour sa part déclaré dimanche qu'il ne "tolèrerait pas que, dans notre République, des hommes ou des femmes, parce qu'ils ont des convictions religieuses, puissent être mis en stigmatisation par des propos qui seraient déplacés".

07-10-2012

Source : Le Nouvel Observateur/AFP

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