mercredi 27 novembre 2024 09:50

Enseignement supérieur. Ces diplômés étrangers qui doivent désormais quitter la France

Publiée fin mai, une circulaire cosignée des ministères du Travail et de l’Intérieur invite les préfets à plus de rigueur pour accorder le changement de statut aux étudiants étrangers, hors Union européenne, les nouvelles dispositions donnent une interprétation stricte d’un texte de 2006 qui fixe les conditions dans lesquelles un étudiant entré en France pour y faire des études peut, lorsqu’il a décroché son diplôme, obtenir un contrat de travail avec une entreprise.

Désormais, l’administration est tenue de vérifier qu’il s’agit d’un métier « en tension » et qu’aucun Français ne s’est présenté.

Ils sont déjà plusieurs centaines à faire les frais de cette nouvelle politique. En juillet Joanna, Américaine de 24 ans, a brillamment achevé son master 2 à Sciences Po Paris et décroché, en août, un contrat de travail dans une grande entreprise de vente par correspondance. La surprise est de taille lorsqu’en septembre elle dépose son dossier en préfecture : la procédure ayant changé durant l’été, on lui dit qu’elle aurait dû faire sa demande un mois avant l’expiration de son visa étudiant. Résultat : elle perd son CDI et ne peut espérer qu’un statut de stagiaire. Joanna avait fait le choix de la France. Aujourd’hui elle envisage de partir en Suisse qui l’accueille à bras ouverts.

« Tout est fait pour nous dissuader »

Fatma Chouaieb attend une réponse depuis plus d’un mois. Cette jeune Tunisienne de 24 ans, sortie d’HEC en juin dernier, a reçu une promesse d’embauche d’un grand cabinet d’audit. Elle est aussi devenue porte-parole du Collectif du 31 mai qui rassemble des étudiants étrangers diplômés mais également des Français venus apporter leur soutien. « Tout, dit-elle, est fait pour nous dissuader. Certains attendent une réponse depuis cinq mois. Nous ne pouvons pas donner de garanties à nos employeurs. Notre crainte est qu’ils finissent par se lasser ».

Le Collectif du 31 Mai, né sur Facebook, revendique plus de 3 000 membres. Le 3 octobre dernier, il a réclamé le retrait de la circulaire Guéant/Bertrand. Et ne se satisfait pas de l’avancée de Laurent Wauquiez. Le ministre de l’enseignement supérieur vient d’annoncer que l’application de la circulaire visant à limiter l’immigration professionnelle serait corrigée. Il devrait également recevoir la semaine prochaine certaines des grandes écoles et des universités qui l’ont saisi sur des cas précis.

Pierre Tapie, président de la Conférence des grandes écoles, également patron de l’Essec, s’est récemment inquiété des conséquences de cette circulaire auprès de Claude Guéant. « Ces jeunes ne prennent pas l’emploi des Français, plaide-t-il. D’abord parce qu’ils sont souvent embauchés par les entreprises françaises qui souhaitent profiter de leur double attache pour développer des relations commerciales avec leur pays d’origine. Ensuite, parce que, par leur activité, ces gens talentueux créeront de l’emploi en France ».

Les 14 métiers en tension sont : cadre de l’audit et du contrôle comptable ; conduite d’équipement de fabrication de l’ameublement et du bois ; conception et dessin produits mécaniques ; inspection de conformité ; dessin BTP ; marchandisage ; ingénieur production et exploitation des systèmes d’information ; conduite d’équipement de transformation du verre ; téléconseil et télévente ; pilotage d’unité élémentaire de production mécanique ; conception et dessin de produits électriques et électroniques ; conduite d’équipement de production chimique et pharmaceutique ; intervention technique en ameublement et bois.

9/11/2011, Christine Morandi

Source : Le progrès.fr

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