lundi 25 novembre 2024 06:42

Etrangers en France: des citoyens hurlent, les chameaux passent!

La rentrée de ceux qui entendent que les étrangers soient traités dignement est foisonnante d'actions de tous calibres, allant des 150 villes mobilisées le 4 septembre aux alpinistes interdits d'escalade, en passant par les neuf grévistes de la faim devant l'Assemblée Nationale. Mais le haine-ième projet de loi d'écrasement des étrangers avance majestueusement, avec son escorte de harcèlements policiers.

La boîte à mèls déborde en ce début septembre 2010, annonçant communiqués, initiatives publiques, colloques. L'exaspération monte et se diversifie.

Le 2 septembre 2010, les cinq associations présentes dans les centres de rétention administrative (CRA), ASSFAM, Cimade, Forum Réfugiés, France Terre d’Asile et l’Ordre de Malte France, ont été reçues à la demande du ministre de l'immigration, afin d’échanger sur le projet de loi relatif à l’immigration qui sera discuté à l'Assemblée Nationale à partir du 28 septembre. Résultat: ces associations dénoncent unanimement le projet de loi.

 

Le 3 septembre, d'autres associations dénoncent les Attaques contre l’Aide Médicale d’État : "Le durcissement de la politique se poursuit à l’égard des populations immigrées, avec pour nouveau cheval de bataille la volonté du gouvernement et de certains parlementaires de faire payer 30 euros pour bénéficier de l’Aide médicale Etat (AME), voire d’en limiter les soins couverts aux seules urgences. Or l’Aide médicale est vitale. Créée sous la 3ème République pour les plus pauvres, qu’ils soient français, étrangers, sans-papier, l’Aide médicale est tombée en désuétude depuis la réforme CMU, sauf pour les étrangers privés de ressources et démunis de titre de séjour qui restent exclus de la couverture maladie universelle".

Le 4 septembre les manifestants étaient 166000 ("fourchette haute") dans 150 villes de France ou devant des ambassades de France en Europe.

Le 6 septembre, le collectif des "Onze" (CGT, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, Ligue des Droits de l'homme, Cimade, Femmes égalité, RESF, Autremonde, Droits Devant ! ) qui soutient la revendication de régularisation des étrangers salariés mais sans papiers annonce qu'alors que "plus de 1 600 demandes de régularisation par le travail ont été déposées, les salariés concernés, "sauf une dizaine", n'ont pas reçu leurs papiers. (...) Nous prendrons dans les prochains jours les initiatives nécessaires pour que les engagements pris soient respectés".

Du 8 au 18 septembre, neuf personnes mènent un jeûne citoyen devant l’Assemblée nationale, pendant les travaux de la Commission des lois sur le projet de loi immigration. Ils entendent ainsi exprimer de façon non violente leur indignation et leur protestation contre les graves dispositions inscrites dans le projet de loi. Ils occuperont la place Édouard Hérriot chaque jour de 12h à 21h et seront hébergés à proximité.

Le 10 septembre à Bordeaux, Cercle de Silence exceptionnel sur le thème du projet de loi.

Le 10 septembre à Montpellier, Nuit blanche contre jours sombres.

Le 10 septembre, l'association SALAM Nord/Pas-de-Calais communique: "Calais serait-elle condamnée à rester une ville de non-droit ? 2010 Après avoir harcelé les migrants chaque soir lors de leur « repas » à la nuit tombante en cette période de ramadan, les forces de l'ordre décuplent leurs arrestations aussi brutales qu'inutiles ! Ce vendredi matin des collégiens ont eu un « drôle » de cours d'instruction civique aux abords de la citadelle... En effet , matraques et gaz à la main, les forces de l'ordre poursuivaient des migrants dont certains plongèrent dans le canal pour tenter d'échapper à une énième arrestation dont le seul but est de leur infliger une marche forcée de Coquelles à Calais quelques dizaines de minutes plus tard ! Ces harcèlements sont incessants notamment dès qu'il pleut !"

Le 11 septembre à Montreuil (Seine saint Denis), tables rondes, débats, projections, concert, "cette manifestation entend affirmer la détermination de tous ceux qui s'opposent aux dérives de la politique française actuelle".

Du 11 au 15 septembre, des alpinistes se lancent à la reconquête de la République et annoncent: " Une Marianne symbolique en chair et en os (une alpiniste coiffée d'un bonnet phrygien) sera présente dans chacune de ces ascensions, jusqu'au sommet où elle posera avec ses compagnons de cordée". Sommets au programme: "l'Aiguille de la République, l'Aiguille de Blaitière (ex-Aiguille du Maréchal Pétain) et le Mont Blanc à Chamonix, la Meije et la Barre des Écrins dans les Alpes du Sud, le Pic du Midi d'Ossau dans les Pyrénées". Ce dernier objectif vient d'être interdit par le Parc national des Pyrénées.

Le 13 septembre, Henri Rossi, de la Ligue des Droits de l'Homme est convoqué au commissariat de police. Motif: participation à la manif du 4 septembre, autorisée puis interdite.

Le 15 septembre à Grenoble, Conférence-débat: "Immigration : Les dangers du nouveau Projet de loi" à 19h à l'Espace Victor-Schoelcher, 89 avenue de Grenoble, 38180 - SEYSSINS

Le 15 septembre à Lille, à 20h à L'Univers (16 rue Danton à Lille - Métro Porte de Valenciennes - Entrée libre), une saynète proposée par le Théâtre de l'Opprimé, puis une présentation du projet de loi.

Le 16 septembre à Tours, procès de quatre militant-e-s RESF tourangeaux poursuivi-e-s pour « diffamation publique » envers l’administration préfectorale.

Le 17 septembre à 19h30 devant le Centre de Rétention Administrative de Sète (15, quai François-Maillol ), Nuit blanche contre jours sombres.

Le 18 septembre, à Paris Bercy, le concert Rock sans papiers.

Le 21 septembre à Bobigny, de 5h à 10h, Nuit blanche pour un livre noir, à l'appel des organisations de Seine Saint-Denis engagées dans la lutte pour le respect des droits des étrangers.

Le 21 septembre à Amiens, préparation de la conférence Régionale  Picardie Terre d’Accueil et de Solidarité Internationale, qui aura lieu le 20 novembre 2010. A 20h30, grande salle Dewailly.

Le 22 septembre à Lille, un concert «de l'indignation» à l'Aéronef.

Pendant ce temps, le ministre de l'immigration déroule tranquillement la belle ordonnance de son projet de loi, dernier perfectionnement du rouleau compresseur du "respect des droits fondamentaux" des étrangers.

Dans sa déclaration devant la Commission des Lois de l'Assemblée nationale, le ministre de l'émigration se présente comme un ingénieur de forage pétrolier: le système a des fuites, il faut développer les méthodes de colmatage.

La présentation d'un point clé du dispositif d'expulsion – la solidité des possibilités de recours devant les tribunaux - fait l'objet d'un remarquable mélange d'assurance et de flou. Une lecture attentive de l'ensemble peut se résumer comme suit: - ou bien le caractère suspensif du recours au tribunal administratif (TA) est destiné à enfumer l'adversaire en faisant croire au respect du droit des étrangers à se défendre, - ou bien il sera concrétisé et les TA seront encore plus débordés qu'actuellement par les recours d'étrangers, sans être sûrs que l'efficience sera meilleure que pour l'OQTF (obligation de quitter le pays avant un mois, innovation de la loi de 2007 dont le taux d'exécution n'atteint pas 25%). Autre technique d’enfumage parce que même avec un recours suspensif contre le placement en rétention, cela ne remplace pas la nécessité d’un contrôle rapide de la procédure judiciaire par le JLD (juge des libertés et de la détention). En réalité, l’intervention rapide des deux juges, TA + JLD est nécessaire pour préserver le peu de droits dont les étrangers bénéficient encore.

Tout cela n'est qu'une question de technique, comme l'est pour son collègue de l'intérieur la purge des camps de Rroms.

Source : Mediapart

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