mercredi 27 novembre 2024 08:53

Étudiants étrangers : 30 dossiers ont été résolus

La circulaire Guéant qui limite le travail des étudiants étrangers en France secoue la Conférence des grandes écoles. Elle va apporter 150 nouveaux dossiers litigieux au ministère de l'Intérieur.

La Conférence des grandes écoles (CGE) affirme que 30 dossiers litigieux d'étudiants étrangers dotés de diplômes français viennent d'être débloqués grâce au ministère de l'Enseignement supérieur et celui de l'Intérieur. Ces jeunes gens avaient auparavant reçu un refus de travailler en France de la part de l'administration. C'est une conséquence de la circulaire du ministère de l'Intérieur du 31 mai 2011 relative au travail des immigrés. De nombreux étrangers dont certains très qualifiés se sont ainsi vu refuser des visas de travail ces dernières semaines.

500 dossiers d'étudiants en difficulté

La CGE a pour l'instant eu connaissance de 500 dossiers d'étudiants étrangers en difficulté en raison de la circulaire. «Mais nous recevons chaque jour de nouveaux cas», affirme-t-on. Tous les étudiants, par timidité ou par manque d'informations ne se sont par ailleurs manifestés, comme des étudiants chinois, notamment des polytechniciens «très discrets». La CGE a décidé de solliciter l'attention du ministère sur 150 nouveaux dossiers concernant des étudiants ayant signé un contrat de travail dans une entreprise française en CDD ou en CDI. «Certains ont été embauchés le 1er septembre et ont reçu un refus deux jours après !», s'alarme Pierre Tapie, le président de la CGE, directeur de l'Essec.

Un sujet politiquement très délicat

«Le dialogue est en bonne voie entre les différents ministères, les présidents d'université et nous-mêmes sur ce sujet politiquement très délicat», assure-t-il. Il n'empêche. Selon la CGE, les conséquences sur l'économie et sur l'enseignement supérieur français n'ont pas été suffisamment prises en compte.

Pour Pierre Tapie il s'agit d'un «retour en arrière» : dans les grandes écoles, 50 % des doctorants sont étrangers, rappelle-t-il. Si l'information selon laquelle la France se ferme aux étudiants étrangers se répand sur les réseaux sociaux, «nos établissements seront touchés», craint-il. «Les étudiants étrangers talentueux, c'est le moteur de la croissance dans le supérieur. Ces refus de visas de travail auront des conséquences sur l'attractivité de la France. Et c'est une contrainte supplémentaire sur les entreprises.» L'association française des entreprises privées soutient la démarche de la CGE, ainsi que le Medef, affirme-t-il. Certaines entreprises, comme Lactalis aurait ainsi affiché ses regrets de devoir se séparer de certains éléments très qualifiés.

Des étudiants diplômés en télécommunication ou finance

Les 150 cas défendus par la CGE concernent pour moitié des étudiants qui avaient signé des contrats de travail dans les télécommunications, puis par ordre décroissant, le conseil, la banque, la finance, l'énergie et le BTP. «Nous avons même ironiquement deux cas d'étudiants qui avaient été embauchés dans des ministères !». Ces étudiants sont Indiens, Américains, Libanais, Japonais, Turcs, Russes, Algériens ou encore Argentins et sont diplômés d'écoles d'ingénieurs et d'écoles de commerce, dont les plus prestigieuses : Polytechnique, École des Ponts, ESTP, ESSEC ou encore HEC.

Pour la CGE, un nouveau texte interministériel devrait être rédigé pour clarifier les conditions d'accès à l'emploi des jeunes étrangers. Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a de son côté récemment annoncé qu'il souhaitait «apporter de manière pragmatique des solutions, au cas par cas». Avant d'ajouter que «la vocation première des étudiants, c'est de retourner chez eux pour faire profiter leur pays de leurs compétences».

19/10/2011, Marie-Estelle Pech

Source : Le Figaro

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