Des associations françaises ont dénoncé vendredi la situation des adolescents étrangers isolés à Paris, qui se retrouvent dans la rue lorsque l'administration refuse de reconnaître leur statut de mineurs, sans pour autant les considérer comme majeurs.
"On demande l'application de la loi. Il y a un dispositif de protection des mineurs en France, il faut le respecter et cesser les tracasseries administratives qui jettent les mineurs dans la rue, où ils peuvent se retrouver en danger", a expliqué le porte-parole de l'association Droit au logement (DAL), Jean-Baptiste Eyraud, lors d'une conférence de presse devant la Permanence d'accueil et d'orientation des mineurs isolés étrangers (Paomie), dans le 19e arrondissement de Paris.
Cette structure, financée par la mairie de Paris, a pour mission l'accueil des mineurs étrangers arrivant dans la capitale et l'examen de leur situation.
"Ils me disent que c'est des faux documents, alors que l'ambassade a confirmé qu'ils étaient vrais", s'exclame Mory, Ivoirien, arrivé depuis trois mois en France, qui tient en main une liasse de papiers, dont un acte de naissance stipulant qu'il est né en janvier 1999 à Abobo (commune du nord d'Abidjan).
"J'étudie en classe de 4e au collège Valmy, juste à côté d'ici. Je dors à l'école, je me lave là-bas", témoigne-t-il.
La loi prévoit la prise en charge des mineurs étrangers isolés: accueil, hébergement, nourriture, scolarisation, soins. Mais selon les associations, le taux d'acceptation des dossiers de mineurs étrangers à Paris est passé de 50% en 2014 à moins de 20% depuis le début de l'année.
La mairie de Paris souligne qu'elle a accompagné 1.800 mineurs isolés en 2014.
Les associations dénoncent le flou juridique autour des jeunes dont la demande a été rejetée parce qu'ils ne sont pas considérés comme mineurs par les autorités, notamment car leurs documents d'identité sont jugés faux, mais qui ne sont pas pour autant considérés comme majeurs... faute de papiers d'identité prouvant qu'ils ont plus de 18 ans.
"Pour des raisons financières, l'administration rejette de plus en plus de ces jeunes, qui veulent aller à l'école, s'intégrer. Au lieu de ça, ils n'existent plus", déplore Jean-Baptiste Eyraud.
On estime entre 4.000 et 9.000 le nombre de mineurs étrangers isolés - qui ne sont pas expulsables - en France.
L'une des difficultés est d'évaluer leur âge réel, alors que ces jeunes arrivent parfois de pays où ils ne sont pas enregistrés à l'état-civil, ou munis de faux papiers.
06 mars 2015
Source : AFP