La mairie de Gennevilliers renonce à imposer à ses animateurs de déjeuner pendant le ramadan, face à l'indignation soulevée par la suspension de quatre employés qui jeûnaient.
La mairie communiste avait imposé aux animateurs, dans leur contrat de travail, de se nourrir et de s'hydrater "convenablement en particulier durant les repas", pour que ceux-ci soient "en pleine possession de leurs moyens physiques", au nom de la sécurité des enfants.
Pour le maire Jacques Bourgoin, l'article litigieux du contrat a été "mal interprété". "Pour apaiser le débat", il a décidé de ne pas l'imposer au mois d'août, explique la mairie dans un communiqué. En revanche, "pour conserver ses exigences en termes de sécurité physique des enfants", elle renforcera les contrôles dans ses centres de vacances.
La mairie avait introduit cette mesure à la suite "d'un accident qu'il y a eu il y a deux ans, où deux enfants avaient été blessés parce que la conductrice du mini-bus, qui jeûnait, avait fait un malaise", a expliqué l'édile à l'AFP.
"C'est pour cela qu'on a ajouté cet article au contrat de travail mais comme l'article apparaît pour certains discriminatoire, on souhaite que le débat soit posé de manière sereine" à la rentrée, a poursuivi le maire.
Les quatre animateurs suspendus au lendemain d'une visite de contrôle d'un responsable le 20 juillet, premier jour du ramadan, et ce jusqu'à la fin d'un séjour qui vient de s'achever, envisagent quant à eux de porter l'affaire en justice, soutenus par la communauté musulmane, indignée.
ingérence dans la vie privée
"On réfléchit à aller devant les prud'hommes pour avoir des réponses claires à nos questions: Est-ce qu'une personne a le droit de ne pas manger le midi? Est-ce que les médecins qui pratiquent le ramadan mettent en danger la vie de leurs patients?", a expliqué à l'AFP Samir, directeur adjoint de la colonie de vacances, qui n'a pas souhaité donner son patronyme.
"On trouve que c'est injuste et inadmissible", a-t-il commenté, se félicitant malgré sa colère que "le débat ait lieu".
"L'argument de la sécurité était une justification à tout prix d'une décision regrettable et contestable", a dénoncé le député socialiste du secteur de Gennevilliers Alexis Bachelay, qui a dit "réclamer le droit à l'indifférence" pour tous les citoyens.
Pour le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, la suspension des moniteurs "est de nature à porter atteinte à leur liberté religieuse". Abdallah Zekri, président de l'observatoire contre l'islamophobie, une composante du CFCM, assure à l'AFP n'avoir "jamais vu de problèmes pareils".
"Est-ce qu'on fait sortir des terrains de football les joueurs qui pratiquent le ramadan, est-ce qu'on empêche les musulmans pratiquants de participer aux JO? C'est une ingérence dans la vie privée des gens", s'insurge M. Zekri, précisant que "l'observatoire se réserve le droit de porter plainte pour discrimination".
Samedi, une manifestation est prévue devant la mairie de Gennevilliers, ainsi qu'un iftar, repas de rupture du jeûne, dans la soirée.
En 2009, environ 70% des musulmans de France (estimés à 3,5 millions, dont environ 800.000 pratiquants réguliers), déclaraient observer le ramadan, contre 60% il y a 20 ans, selon un sondage Ifop.
Mohammed Moussaoui rappelle que des "centaines de millions de personnes" observent le jeûne sans "frein à l'exercice de leur activité professionnelle", a-t-il dit à l'AFP. "La jurisprudence musulmane a prévu des aménagements pour les personnes qui en jeûnant mettent leur santé en péril".
Le respect du jeûne est imposé aux croyants adultes, mais femmes enceintes ou nourrices, malades, voyageurs en sont dispensés à condition de s'y soumettre dès qu'ils sont à nouveau en état de le faire.
31/7/ 2012
Source : AFP
Gennevilliers - La mairie recule après la suspension de moniteurs observant le ramadan
Publié dans Médias et migration
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