mercredi 27 novembre 2024 14:42

Grèce: l'immigration devient l'un des enjeux majeurs de la campagne électorale

Dominée jusqu'ici par la crise de la dette qui frappe la Grèce depuis deux ans, la bataille pré-electorale a pris un nouveau tournant ces derniers jours, se concentrant sur les questions d'immigration et de sécurité.
A environ un mois des élections législatives anticipées attendues début mai, le ministère de la Protection du citoyen vient de lancer une opération coup de balai dans le centre d'Athènes visant les milliers de migrants irréguliers qui y vivotent, et annoncé la création d'une trentaine "de centres d'accueil fermés" à travers le pays.
Le ministre Michalis Chryssohoïdis, ténor socialiste et député d'Athènes, a qualifié la question des sans-papiers de "bombe pour la société et la sécurité du pays", promettant l'ouverture du premier centre "courant avril, avant les élections".
Lundi, il s'est rendu à Bruxelles pour aborder le dossier avec la commissaire chargée de ces questions, Cecilia Malmstrom. A l'issue de cette rencontre, il a notamment réclamé davantage d'efforts de la part de la Turquie pour contrô ler sa frontière avec la Grèce, devenue une passoire pour la migration irrégulière vers l'Union européenne.
"Chaque jour des centaines de personnes tentent de passer illégalement et nous devons gérer chaque année l'arrivée de 150.000 migrants qui ne demandent ni l'asile ni une protection politique", a dit le ministre.
Dans la foulée, le ministère grec de la Santé a publié dimanche une circulaire liant toute régularisation à la possession par les migrants d'un certificat de santé délivré après examens, pour "protéger la santé publique des maladies contagieuses".
"Un débat politique sur l'immigration était nécessaire, au vu de l'ampleur prise par le phénomène", a indiqué à l'AFP Thomas Gerakis, de l'institut de sondage Marc.
"Mais le timing a à voir avec la montée de l'extrême droite", souligne-t-il, alors que les derniers sondages pronostiquent une percée du parti néonazi Chyrssi Avghi, susceptible, avec environ 5% des intentions de vote, de permettre son entrée au Parlement.
Ce parti au discours antisémite et xénophobe est actif surtout dans le centre défavorisé d'Athènes avec des "milices" autoproclamées, à l'origine de nombreuses agressions contre des migrants ou des Grecs pris pour des étrangers ces dernières années. Son chef a réussi à être élu au conseil municipal à Athènes aux élections locales en 2010.
Mais les annonces de M. Chryssohoïdis ont aussi provoqué la colère du grand parti conservateur Nouvelle-Démocratie (ND), qui part favori pour le scrutin, et n'entend pas céder le capital politique qu'il a amassé en matière de sévérité anti-migratoire.
Les mesures annoncées sont "un feu d'artifice préélectoral, un jeu d'opportunisme politique" car le parti socialiste Pasok "n'a rien fait pendant ces deux ans de pouvoir", a accusé la ND.
"Ils se moquent du peuple grec avec leurs camps de concentration (...), les communautés locales où seront créés ces centres, vont en souffrir", a pour sa part protesté le chef du parti d'extrême droite Laos, Georges Karatzaferis, alors que plusieurs localités en province ont déja affiché leur refus de voir le problème d'Athènes "transféré" dans leurs régions.
Les annonces ministérielles ont également provoqué le courroux des organisations de défense des droits des migrants, qui s'épuisent depuis des années à réclamer aux autorités de trouver une solution pour rémédier à la "situation alarmante" à Athènes, et une humanisation des conditions de rétention dans les centres situés à la frontière gréco-turque.
"Nous restons très réservés face à l'empressement affiché par le ministre (...) alors que la Grèce n'a pas réussi jusqu'ici à respecter ses obligations de protection des réfugiés et migrants", a notamment affirmé dans un article paru lundi sur un site, Panos Christodoulou, directeur du Conseil.
"Il ne s'agit que d'impressionner en vue des élections, les centres d'accueil nécessitent des moyens financiers énormes pour les milliers de migrants concernés", a pour sa part estimé auprès de l'AFP l'avocat Vassilios Papadopoulos, membre du Réseau pour la défense des droits des immigrés.
2/4/2012
Source : AFP

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