mercredi 27 novembre 2024 08:25

Ibn Khaldoun Academy, quand une école se met au service de l'identité marocaine

Ils sont quelque 200 familles à déposer chaque week-end leurs enfants à l'Académie Ibn Khaldoun, une école marocaine d'enseignement de la langue arabe à Alexandrie, dans l'Etat de Virginie, qui connait une forte concentration de la communauté arabe.

En arrivant sur les lieux, les regards des visiteurs convergent vers l'entrée de l'académie qui arbore fièrement l'emblème de l'école, un livre laissant entrevoir une plante en plein essor, et le logo du ministère chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l'Etranger, signataire d'une convention de partenariat avec cet établissement en 2009.

J'ai choisi cet emblème très représentatif de l'importance de la culture et de l'éducation pour les générations futures et le nom d'Ibn Khaldoun qui fait réfèrence à l'un des plus grands érudits arabes, explique Boubker Abi Sourour, fondateur et directeur de l'Académie.

Dans l'enceinte de l'école, qui dispense, quatre heures durant, des cours d'arabe, d'éducation islamique et de français, plusieurs affiches d'alphabet arabe illustrées de photos, de hadiths et de dictons sur l'importance de l'éducation ornent les murs. Des livres jeune public et des manuels scolaires marocains trônent dans la petite bibliothèque de l'école.

Si mes enfants ont eu la chance d'être dans l'Académie saoudienne et ont un excellent arabe, nombre d'enfants marocains ne savent pas parler cette langue, voire ignorent tout sur leur identité, confie à la MAP Abi Sourour, remontant quatre ans en arrière pour expliquer les raisons qui ont permis à cet établissement de voir le jour et de devenir la première école marocaine du genre aux Etats-Unis.

Une jeune communauté à la rechrche de ses racines

Le nombre de Marocains installés dans le pays de l'Oncle Sam a connu une forte hausse durant les dernières années, note cet employé de la Banque Mondiale et titulaire d'un doctorat en économie de la prestigieuse université de Georgetown. La plupart des membres de cette jeune communauté ont réussi leur installation et leur intégration professionnelle, fondé des familles et du coup ont commencé à nourrir d'autres ambitions, celles d'aider leurs enfants à rester attachés à leur identité, leur langue et leur religion, poursuit Abi Sourour.

L'Etat de Virginie, mitoyen de la capitale fédérale US et du Maryland, comptait des écoles islamiques fondées notamment par des Egyptiens, des Libanais, des Pakistanais et des Iraniens qui enseignaient l'arabe, le coran, mais également les cultures propres à leur pays.

Face à l'absence d'une école dédiée à la communauté marocaine, j'ai pensé créer l'Académie Ibn Khaldoun qui ouvre ses portes chaque week-end aux enfants désirant apprendre l'arabe, le coran mais aussi notre culture, en recourant à des enseignants marocains", souligne Boubker Abi Sourour.

"Notre ambition était certes d'enseigner la langue arabe et le Coran mais également la culture marocaine pour permettre aux enfants de rester connectés avec leur identité, leur religion et les traditions du pays d'origine", ajoute-t-il.

Plus de 600 élèves, représentant une trentaine de nationalités, sont passés par cette école depuis sa création en 2008. Les Marocains représentent un pourcentage majoritaire de 75 pc.

Actuellement, elle accueille environ 200 élèves de différents pays de la région MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord), d'Europe (France et Angleterre), d'Afrique (Erythrée, Sénégal, Sierra Leone), d'Asie (Bangladesh, Inde et Kazakhstan), voire d'Amérique Latine.

Abi Sourour, père de cinq enfants, affirme ressentir de la joie en constatant la fierté des parents grace aux progrès réalisés par leurs enfants.

L'académie Ibn Khaldoun, une fenêtre ouverte sur le Maroc

Au delà de ses objectifs à court terme, Abi Sourour espère que cette école puisse contribuer à approfondir et à maintenir le contact des enfants de la communauté marocaine avec le Royaume, et partant préserver à long terme le rôle important de cette communauté et sa contribution à la scène politique et à l'économie de son pays d'origine.

L'académie Ibn Khaldoun, qui propose des prix raisonnables financés à hauteur de 50 pc par le ministère chargé des RME, veille par ailleurs à organiser des manifestations socio-culturelles à l'occasion des fêtes religieuses, comme Aid al Adha et Aid al fitr, et des fêtes nationales, comme celle de l'indépendance et la glorieuse Marche verte.

Aux yeux de Boubker Abi Sourour, il est impératif d'investir dans ces générations qui risquent de perdre leur identité, leur langue, ainsi que le contact avec leur pays d'origine. Un avis partagé par certains parents, comme Abdelali Lekhzami qui a choisi d'inscrire sa fille à l'Académie Ibn Khaldoun pour lui permettre de rencontrer ses compatriotes, d'apprendre l'arabe et de connaitre plusieurs pans de sa culture d'origine. Pour lui, il faut toujours avoir présent à l'esprit qu'on pourrait un jour retourner au Maroc.

"En dehors de mon pays, je ne suis qu'un étranger", enchaine Khadija El Ghazi, une enseignante à l'Académie Ibn Khaldoun, citant les propos d'un auteur maghrébin. Nous voulons que ces enfants connaissent le Maroc, sa culture et son authenticité. L'objectif primordial est d'entretenir cet environnement marocain, conclut El Ghazi, qui a enseigné l'arabe au primaire durant 26 ans au Maroc, avant d'élire domicile aux Etats-Unis.

1/3/2012

Source : Aufait/MAP

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