La députée européenne Hélène Flautre (EE-LV) a publié trois vidéos documentées et pédagogiques pour déconstruire plusieurs idées reçues sur l'immigration.
«Les immigrés sont un fardeau», «ils coûtent cher à la société». Des idées reçues de ce genre, il en existe à la pelle, solidement enracinées et largement véhiculées en ces temps de campagne électorale. Histoire d'en déconstruire quelques unes, la député européenne Europe écologie-Les Verts, Hélène Flautre, a publié trois courtes vidéos, sous forme de dessins animés, plutôt bien ficelées et efficaces.
D'où viennent les données chiffrées utilisées dans les vidéos ?
On s'est basé sur les résultats de l'audit réalisé l'année dernière sur la politique migratoire française. Un gros travail avait été mené par des chercheurs, des historiens et des parlementaires de tous bords, suggérant l'intérêt d'une nouvelle politique en matière d'immigration. Bien sûr, ces vidéos ne réussissent pas à rendre compte de l'ensemble des travaux mais elles permettent de déconstruire un certain nombre d'idées reçues, réitérées pendant cette campagne présidentielle.
Un exemple ?
Dire que toute la misère du monde rêve de venir en France: cette idée revient souvent dans les débats, elle est totalement fausse, toutes les études chiffrées le prouvent. La première vidéo remet les choses au clair (ndlr : la vidéo rappelle que les êtres humains bougent relativement peu. 86% n'ont jamais quitté leur foyer. Parmi ceux qui se déplacent, 66% partent d'un pays en développement pour se rendre dans un autre pays en développement. Seul un migrant sur trois se déplace du sud vers le nord. Et dans leur grande majorité, ces migrants sud-nord ne viennent pas des pays les plus pauvres mais des pays émergents et ils arrivent de façon légale).
Quel regard portez-vous sur cette campagne présidentielle et la place accordée aux questions liées à l'immigration ?
Les débats sont assez pauvres sur le fond. Peu de propositions alternatives sont mises sur la table alors qu'il en existe ! Les candidats de droite cherchent à instrumentaliser les migrants pour générer de l'angoisse collective. Quant à François Hollande, sa préoccupation première est de donner des gages sur sa volonté de lutter contre l'immigration clandestine. Il s'arrête là. Pourquoi ne pas parler de l'immigration comme solution ou facteur de dynamisme? Il serait temps de reconnaître que l'immigration peut être bénéfique sur le plan financier et collectif.
Lors du discours de Villepinte, Nicolas Sarkozy a évoqué une révision des accords de Schengen. Que cela vous inspire-t-il ?
A Bruxelles, tout le monde a ri. Personne n'a pris au sérieux cette envolée électoraliste. Cela voudrait dire que demain, en tant que parlementaire européenne, je devrais présenter mon passeport chaque fois que je me rends à Bruxelles ? C'est complètement ridicule. Derrière tout cela, il y a tout de même quelque chose d'inquiétant et de dangereux. L'idée c'est bien d'empêcher les populations les plus vulnérables de circuler. On voit ce qui se passe aujourd'hui avec les Roms, que l'on tente d'assigner à résidence. C'est d'ailleurs tout le fondement du régime des visas actuel qui pratique un tri sélectif totalement arbitraire. Je ne suis pas pour agiter le chiffon rouge mais je pense, et les éléments d'analyse rassemblés pour ces vidéos le confirment, qu'il faut adopter une feuille de route vers un droit à la mobilité pleinement respecté et une citoyenneté de résidence déliée de la nationalité.
Recueilli par M.P.
Source : Libération
«Il est temps de reconnaître que l'immigration est bénéfique»
Publié dans Médias et migration
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