Le conseil communal a voté le partenariat, notamment financier, entre la Ville de Verviers et l’ASBL Sima, qui monte l’exposition commémorant les 50 ans de l’immigration turque et marocaine dans la région de Verviers (du 15 février au 15 mars, au CTLM).
Si tous les partis ont montré soutenir cette exposition expliquant les raisons de la venue, à Verviers comme ailleurs, de familles immigrées, à l’invitation de l’État belge à la recherche de main-d’œuvre (notamment dans les mines), l’opposition PS - qui s’est abstenu, en signe de protestation – a saisi l’occasion pour critiquer la gestion de ce dossier par la majorité cdH-MR. Malik Ben Achour, ex-échevin de l’Intégration et ex-président du CRVI (Centre régional de Verviers pour l’intégration), a rappelé les dissensions au sein du collège communal, qui ont amené à l’inversion du titre de l’exposition. Initialement, il était prévu qu’elle s’appelle «Bienvenue en Belgique», en référence au titre de la brochure distribuée à l’étranger par les consulats de Belgique. Ce n’en est plus que le sous-titre, le «bienvenue» ayant plus que dérangé la frange MR du pouvoir. Cette inversion a également été dénoncée par Écolo, Nezha Darraji la qualifiant de «honteuse», mais les Verts ont néanmoins approuvé le partenariat Ville-Sima, en donnant ainsi la priorité à l’objectif historique et éducatif de l’exposition et donc «à fédérer autour de ce projet».
Le partenariat de la Ville «a malheureusement tout d’un fiasco», a lancé pour sa part Malik Ben Achour à celle qui lui a succédé à l’échevinat et à la présidence du CRVI, Martine Renier (cdH). Et de déplorer que les dissensions internes à la majorité et les tentatives d’explication de l’inversion du titre (en clair, pour ne pas choquer une partie de la population ne voyant pas cette immigration d’un bon œil) aient abouti à l’abandon de 7 associations sur les 8 partenaires prévus de l’expo, dont le CRVI, où la présidente a donc été minorisée.
«Madame l’échevine, les partenaires du projet vous ont vu vous raidir toujours plus, ils vous ont vu vous isoler, vous enfermer dans une non-communication. Et pour ces raisons, je suis désolé de vous le dire, vous portez une responsabilité personnelle dans cet échec. Car toutes les associations verviétoises qui quittent un projet en raison de l’attitude de la Ville de Verviers, c’est d’abord un échec! Et nous invitons la majorité à l’assumer collectivement», a-t-il fustigé, en enjoignant la majorité à «ne pas baisser les yeux, ne pas se laisser porter par l’air du temps, cet air du temps de plus en plus saturé par la haine hystérique de l’autre. Osez le combat franc, osez le combat assumé contre le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et l’islamophobie car aujourd’hui c’est un autre signal que vous renvoyez… Mais peut-être est-ce là votre volonté… Dans ce cas, à nouveau, ne faites plus semblant et assumez collectivement».
Martine Renier ne s’est pas laissé pousser à bout, ni à se désolidariser de ses collègues MR. Au contraire, elle a haussé la voix comme jamais jusqu’à présent en public, pour dénoncer que «quelques-uns ont mis de l’huile sur le feu pour que les associations ne participent plus à l’exposition (NDLR: elle n’a pas cité de noms mais on peut imaginer qu’elle faisait allusion au directeur du CRVI, Daniel Martin, et aussi à Malik Ben Achour)». Résultat: «Elle a bien failli ne pas pouvoir être organisée. Mais je me suis battue pour qu’elle se fasse, parce qu’il s’agit d’un grand anniversaire, d’un grand projet pour expliquer en partie pourquoi et comment la ville de Verviers est multiculturelle. Et elle se fera, avec des moyens importants. Il y a un soutien unanime du collège communal - je dis bien unanime – pour commémorer comme il se doit cet événement. Cette polémique, nous ne l’avons pas voulue et je regrette d’ailleurs la médiatisation des débats du CRVI et la manipulation que certains en ont faite.»
29 janvier 2014
Source : lavenir.net