mercredi 27 novembre 2024 10:41

Immigration : l'UMP veut durcir les conditions d'entrée en France

L'UMP réunit aujourd'hui jeudi à Paris une convention sur le sujet sensible de l'Immigration alors que la politique migratoire gouvernementale est régulièrement ciblée par la gauche comme par le Front national. Des attaques qui visent également le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, après qu'il a estimé que la France n'avait «pas besoin de maçons» immigrés, et imputé deux tiers des échecs scolaires aux enfants d'immigrés. 

«Les questions évoquées par Claude Guéant sont fondées. Ce sont des sujets objectifs sur lesquels il faut travailler», a justifié Jean-François Copé, le secrétaire général de l'UMP.

«Personne ne doit être choqué que nous remettions régulièrement sur la table ces problématiques parce qu'elles sont évolutives». Ne pas le faire «serait une erreur», a-t-il estimé en présentant la convention. Une énième convention alors que certains à l'UMP pensent qu'elles sont trop nombreuses, comme le député-maire de Nice (Alpes-Maritimes), Christian Estrosi, estimant jeudi que la multiplication des conventions à l'UMP devenait «inaudible».

«Irresponsable de ne pas agir pour réduire l'immigration légale»

Arrivé en fin de matinée à la convention, le ministre de l'Intérieur a déclaré qu'il serait «irresponsable de ne pas agir pour réduire l'immigration légale». «Les capacités d'accueil de la société française ne sont pas sans limites», a-t-il fait valoir, souhaitant que «l'immigration vers la France diminue».

Avec comme ambition de «faire divorcer l'idéologie et les questions d'immigration», l'UMP avance des contributions au projet présidentiel de 2012. Fidèle à son credo des «droits et devoirs», elle s'attaque notamment au sujet sensible des droits sociaux des immigrés : conditionnant les prestations au respect des obligations scolaires et du contrat d'intégration et propose de renforcer les sanctions en cas de non-respect. 

Elle préconise aussi une politique plus restrictive des visas - principale source d'immigration illégale -, y compris dans le cadre européen. Les 22 propositions réaffirment le principe d'une «immigration choisie» défendu par le candidat Nicolas Sarkozy en 2007, et celui d'une intensification de la lutte contre l'arrivée irrégulière d'immigrés.

Regroupement familial : «respect des lois de la République»

Alors que l'immigration familiale, qualifiée d'«immigration subie» par le président Sarkozy, est la principale source d'entrée régulière en France, l'UMP propose de conditionner le regroupement familial après deux ans de présence sur le territoire  - contre dix-huit mois actuellement  - au «respect des lois de la République». Cela «continue à être un sujet de préoccupation», estime Claude Guéant sur BFM TV. «Il y a des abus, des fraudes, et il convient de lutter contre les excès du regroupement familial». «Il y a aussi un certain nombre d'abus aux prestations sociales», a-t-il encore estimé, «et je vais lancer à cet égard une mission pour voir comment on pourrait mieux lutter contre ces abus là».

Binationalité : réhausser le niveau d'exigences pour devenir français

«Le gouvernement n'a aucune intention de changer la loi dans ce domaine». Non, la binationalité ne sera pas interdite. «A mon sens c'est un faux problème parce que les binationaux n'ont pas le choix. Ils sont binationaux du fait des législations des Etats, et la réalité du problème c'est celle des conditions dans lesquelles on entre dans la nationalité française», a déclaré le ministre.

Il faut se demander, estime-t-il, si le postulant épouse «complètement notre style de vie, s'il a bien intégré nos principes républicains les plus fondamentaux, s'il maîtrise le français. C'est la raison pour laquelle je souhaite rehausser le niveau des exigences à l'égard de ceux qui veulent entrer dans la nationalité», a-t-il expliqué, précisant qu'il allait adresser rapidement une circulaire aux préfets afin qu'ils soient «plus vigilants, plus exigeants, sur les critères de l'assimilation (...) pour entrer dans la nationalité». «Aujourd'hui pour entrer dans la nationalité française il suffit de se débrouiller en français. Je vais demander que désormais les postulants à la nationalité française aient un niveau qui soit celui que l'on maîtrise au collège», a encore ajouté Claude Guéant.

Immigration professionnelle : mieux la choisir

S'agissant de l'immigration professionnelle que le ministre veut limiter, l'UMP préconise une «Conférence nationale»tous les deux ans où les partenaires sociaux «devront estimer précisément les besoins en main d'oeuvre par secteurs et les justifier». Inspiré du modèle canadien, un «système à points» sera testé en vue de sélectionner les candidats à l'immigration du travail en fonction de leurs «qualités» et de leurs «atouts» et des «besoins éventuels» de la France.

Immigrations irrégulière : une «caution retour» pour les visas

Le visa étant considéré comme une des principales sources de l'immigration irrégulière, ses détenteurs restant en France après leur expiration, le parti présidentiel veut créer une «caution-retour» pour les dossiers à risques qui «ne serait rendue qu'une fois le retour au pays effectue». Et «en cas de non-présentation aux services consulaires, ces derniers devraient en informer les services de l'immigration en Europe».

Au niveau européen, l'UMP veut créer un poste de Commissaire en charge de l'immigration et une«agence européenne de l'espace Schengen» pour harmoniser les demandes de visas et échanger les données en la matière.

Enfin, comme la France ne parvient pas à exécuter 30% des décisions d'expulsion des étrangers en situation irrégulière, l'UMP veut lier le nombre de visas délivrés à la coopération des pays d'origine au retour des clandestins, certains de ces pays rechignant à délivrer les laisser-passer consulaires indispensables aux reconduites.

Titre de séjour seulement après être entré régulièrement en France

Opposée à la régularisation des sans-papiers, en dehors de «situations réduites», l'UMP veutconditionner l'obtention d'un titre de séjour à une entrée régulière en France. Une proposition qui exclut tous les étrangers arrivés illégalement, comme les milliers de boat-people tunisiens.

Reconduites à la frontière

Alors que la présidente du Front national, Marine Le Pen, a affirmé que les expulsions d'immigrés clandestins étaient «en chute libre», Claude Guéant rétorque ce main que «c'est absolument faux» : les objectifs sont, pour 2011 comme pour 2010, de reconduire 28 000 personnes à la frontière, a-t-il rappelé, et la France en est à «14 500 éloignements effectués mois de juin compris». Il n'exclut d'augmenter cet objectif. «Depuis 2007, nous avons éloigné 210 000 étrangers», a-t-il souligné.

7/72011

Source : Le Parisien.fr /AFP

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