Entre promesse de "fermeté" et preuves "d'humanisme", Manuel Valls a choisi l'offensive pour apporter la preuve de son efficacité tout en se démarquant du style de Nicolas Sarkozy, auquel il est souvent comparé.
A moins de deux mois des élections municipales, le locataire de la place Beauvau, qui a toujours affirmé vouloir rompre avec "la politique du chiffre", renouait pourtant avec un style de communication qu'il avait évité jusqu'alors. Ses prédécesseurs présentaient annuellement, lors de grandes conférences de presse, leurs "résultats" en matière migratoire et se fixaient des "objectifs" pour les années suivantes.
Sous pression, Manuel Valls a d'ailleurs vertement critiqué ses prédécesseurs Place Beauvau, dénonçant une "fermeté de papier" et une hausse "factice" des expulsions de 2006 a 2011. "Trop de contre-vérités ont été dites" (...) La. politique du chiffre et ses effets factices ne se sont pas limités aux seuls chiffres de la sécurité", a déclaré le ministre de l'Intérieur lors d'une conférence de presse, en ajoutant: "le bilan du précédent gouvernement est simplement très mauvais"
Expulsions en baisse, naturalisations en hausse
Malgré des chiffres en baisse, le ministre de l'Intérieur socialiste assure donc que les expulsions n'ont pas baissé: environ 27.000 sans-papiers ont été éloignés en 2013, 9.000 de moins qu'en 2012.
Explication: la chute des aides au retour, suite à la diminution des montants alloués aux étrangers qui acceptaient de partir en échange d'un pécule. Manuel Valls a drastiquement diminué au début 2012 le montant de ces "aides au retour" pour mettre un terme à une "pantalonnade qui gonflait artificiellement les chiffres" des expulsions, selon son entourage.
Sur les 27.000 éloignés en 2013, 15.500 ont été éloignés de force, 10.700 vers un pays européen et 4.600 vers un pays hors UE.
Côté "humanisme", le nombre de régularisations d'étrangers en situation irrégulière a bien connu un nouveau bond . personnes 46.000 personnes ont été régularisées, en 2012. Une hausse, qualifiée de "conjoncturelle", de 10.000, selon le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls.
Le ministre avait lui-même annoncé en novembre qu'il y aurait "10.000 régularisations supplémentaires" en 2013 suite à l'adoption d'une circulaire, à la fin 2012, qui a clarifié les critères à remplir pour obtenir un titre de séjour.
Ce document prévoit notamment de régulariser, sous certaines conditions, les parents ayant des enfants scolarisés depuis trois ans, et un grand nombre de familles s'en sont emparé. Problème, la droite en a profité pour critiquer le "laxisme" du gouvernement et dénoncer un "appel d'air" à l'immigration irrégulière.
Autre inflexion annoncée: une hausse conséquente des acquisitions de la nationalité française. A la suite de consignes informelles, leur nombre avait été divisé par deux à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy (près de 95.000 décrets de naturalisation en 2010 contre 46.000 en 2012).
Né en Espagne et naturalisé Français à 20 ans, Manuel Valls a rapidement souhaité les relancer pour revenir à leur niveau de 2010. Il avait publié dès octobre 2012 une circulaire assouplissant les critères, notamment pour les précaires et les jeunes. En août, son équipe avait dressé un premier bilan de ce texte, faisant état d'une hausse de 14% de juin 2012 à juillet 2013, sans donner de chiffres globaux.
31/01/2014
Source: Le HuffPost avec AFP