mercredi 27 novembre 2024 17:40

Italie: traitement inhumain de clandestins expulsés, le parquet ouvre une enquête

Le procureur de Civitavecchia, près de Rome, a ouvert une enquête sur le cas de deux immigrés clandestins algériens rapatriés mardi dernier sur un vol Rome-Tunis, ruban adhésif sur la bouche et poignets ligotés de fil en plastique, et qui a soulevé une vague d'indignation en Italie, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Les deux clandestins qui étaient accompagnés de policiers italiens en civil, avaient été pris en photo par un réalisateur italien qui se trouvait par hasard, à bord de l'avion et qui a publié la photographie sur sa page Facebook, suscitant des réactions de désapprobation des internautes, des ONG pro-immigrés et de la classe politique.

"Regardez ce qui est arrivé aujourd'hui (mardi) sur le vol Tunis-Rome de 9h20. Deux citoyens tunisiens expulsés d'Italie et traités comme des animaux", écrit sur sa page de Facebook, le photographe Francesco Sperandeo, ajoutant que les deux immigrés clandestins avaient du ruban adhésif sur la bouche et les poignets liés par des attaches en plastique".

Finalement, après vérification, les deux clandestins concernés étaient des ressortisants algériens et non Tunisiens, comme rapporté par le réalisateur et les médias italiens.

Dans son commentaire, le réalisateur avait estimé que le comportement des policiers était celui de "la civilisation et la démocratie européennes", soulignant que "le plus grave est que tout cela s'est passé dans l'indifférence totale des passagers à bord".
Le témoin qui avait dénoncé "ce traitement humain", s'était vu intimé l'ordre de "regagner sa place, parce que c'était-là une opération de police normale", selon sa version.

En réaction, le vice-président de la Commission des Affaires européennes et membre de la Commission sénatoriale des relations étrangères du Parti de l'Italie des valeurs (IDV), Stefano Pedica, a qualifié d'indécent", ce fait, annonçant qu'il allait interpeller le gouvernement au Parlement, à ce sujet.

"Je suis profondément indigné. Nous avions assisté à des abus de ce genre, à Guantanamo", a-t-il dit, relevant que c'est là "une violation des droits humains fondamentaux, mais aussi du bon sens humain ordinaire et de la décence".

D'autres politiques italiens ont fait part de leur indignation face à ce comportement policier qui portait atteinte à la dignité et aux droits des personnes.

Le président de la chambre italienne des députés, Giofranco Fini, a invité le gouvernement à fournir les explications nécessaires sur cette affaire, lors d'une séance parlementaire.

Par ailleurs, le chef de la police italienne, Antonio Manganelli a demandé un rapport initial à la police des frontières de l'aéroport de Fiumicino, où ont eu lieu les faits ayant soulevé "une bourrasque de polémique", selon l'agence Ansa.

Une source diplomatique alégrienne à Rome, a précisé à l'APS, que l'Algérie allait demander des explications à Rome sur ces cas, ajoutant que la représentation diplomatique attendait une notification officielle des autorités italiennes sur cette affaire.

Les deux ressortissants algériens rapatriés, qui n'étaient pas installés en Italie, mais avaient obtenu des visas de transit par ce pays, auraient tenté en vain, d'échapper à la vigilance de la police des frontières dans la zone internationale de l'aéroport de Rome pour s'évanouir dans la nature.

Ils avaient pris un vol de Tunis pour la Turquie, le 15 avril, qui a fait une escale technique à Rome d'où ils ont refusé à deux reprises de réembarquer dans l'avion et poursuivre le voyage vers leur destination initiale, selon la version de la police italienne des frontières, qui a procédé à leur réadmission vers la Tunisie.

"C'est-là une +technique courante+ (le visa de transit) à laquelle ont recours les candidats à l'immigration clandestine pour tenter de s'installer clandestinement en Italie. L'an dernier, plus de 140 cas similaires ont été interceptés par la police italienne et rapatriés", a indiqué cette source.

19 avril 2012

Source : APS

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