Joëlle Milquet, ministre de l’Égalité des chances, réalise un état des lieux et établit quelques pistes vers davantage de mixité pour la prochaine législature.
Communautés belge et d’origine marocaine ne se mélangent pas. Vrai ou faux ?
Il faut que les gens se mélangent davantage, mais dire qu’ils ne se mélangent pas est tout à fait faux. Depuis une vingtaine d’années, le monde politique belge a fortement mixé ses équipes. Regardez au niveau local ou chez les parlementaires bruxellois. Grâce à cela, il y a une compréhension mutuelle beaucoup plus forte.
L’école est un enjeu essentiel.
Comme il y a certains quartiers où se concentre beaucoup la population issue de l’immigration, immanquablement, les écoles ont suivi. Mais avec le décret mixité et l’explosion démographique, on tend à observer un décloisonnement. En outre, la population d’origine marocaine devient de plus en plus une classe moyenne, accède à un autre standing et va vivre dans d’autres communes. Enfin, grâce au décret inscriptions, on remarque que la mixité commence à s’installer, comme c’est le cas dans certaines écoles du sud de la capitale.
Et en termes d’emploi ?
Allez ouvrir n’importe quelle porte de commerce, de pharmacie ou d’hôpital : la diversité est bien présente dans le monde du travail.
Quelles pistes politiques pour plus de mélanges ?
Pour la prochaine législature, je pense qu’il faut faire un pacte de la diversité réussie au niveau interfédéral. Cet anniversaire, c’est l’occasion de tourner la page sur la vision constamment négative. On doit envisager tout cela de manière positive et, politiquement, il faut décommunautariser. Une logique qui permet des activités interculturelles est nécessaire. C’est une piste à creuser au niveau des conditions de subventionnement des projets ou de l’émergence d’associations ad hoc. Je propose aussi de mettre sur pied un conseil interconvictionnel avec les représentants des cultes et des convictions philosophiques de l’ensemble de la société belge. Ce serait un nouveau mode de rapports entre les religions, ces dernières se décloisonnant tout en vivant leur identité. La même approche est envisageable au niveau des cours de religion : du temps devrait être débloqué pour la connaissance et la rencontre de la religion de l’autre.
Un message pour conclure ?
Nous sommes, avec ces 50 ans, à un momentum. C’est le passage d’un tome à l’autre, de l’immigration à la citoyenneté, diversifiée et organisée de manière décomplexée. À un moment, il faut presque arrêter de parler de cet anniversaire.
17/2/2014
Source : lesoir.be