L'Europe doit cesser d'avoir "peur" des migrants, a estimé lundi le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qui a appelé les Etats à favoriser l'intégration des réfugiés, plutôt que de chercher à les dissuader de venir en réduisant les prestations sociales.
"L'année 2015 a (...) été marquée par la peur croissante suscitée par l'afflux continu de migrants, encore plus répandue que la peur du terrorisme", a déploré le commissaire Nils Muiznieks, dans son rapport annuel présenté lundi à Strasbourg devant les parlementaires de l'organisation paneuropéenne.
Cette peur nourrit "les préjugés anti-musulmans, déjà très répandus", a critiqué M. Muiznieks, qui s'est publiquement exprimé, à plusieurs reprises ces derniers mois, contre les "politiques contre-productives" des Etats réticents à l'accueil des migrants.
Certains gouvernements ont adopté des mesures "visant ouvertement à rendre leur pays moins attirant aux yeux des migrants", par exemple en réduisant les prestations auxquelles ils peuvent prétendre, en confisquant leurs avoirs, ou en limitant le regroupement familial, a encore pointé M. Muiznieks.
Ces mesures "constitueront toutes des obstacles à l'intégration, sans avoir d'impact majeur sur le nombre des futurs arrivants", selon le commissaire, qui a rappelé que "les immigrés et les demandeurs d'asile sont les premières victimes de la montée du racisme et de l'intolérance dans plusieurs pays".
Le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qui agit de manière indépendante, a en particulier pour mission de "déceler d'éventuelles insuffisances dans le droit et la pratique en matière de droits de l'homme" dans les 47 Etats membres de l'organisation paneuropéenne.
L'actuel titulaire du poste, Nils Muiznieks, est un ancien ministre letton, spécialiste de la lutte contre le racisme.
18 avr 2016
Source : AFP