mardi 26 novembre 2024 19:28

L'Europe se raidit face à l'afflux d'immigrants

L'Allemagne et les voisins de l'Italie, emboîtant le pas de la France, envisagent des contrôles renforcés aux frontières.

La vigilance s'accroît mais la désunion menace l'Europe sans frontières de Schengen. L'Allemagne et les voisins de l'Italie, emboîtant le pas de la France, laissent prévoir à leur tour des contrôles renforcés pour interdire leur territoire aux 20.000 Tunisiens que Rome veut doter d'un sésame européen.

L'immigration d'Afrique du Nord et, surtout, la controverse sur les permis de séjour distribués par l'Italie aux clandestins débarqués dans l'île de Lampedusa ont empoisonné le débat entre les vingt-sept ministres de l'Intérieur réunis lundi à Luxembourg. Le gouvernement de Silvio Berlusconi, loin d'obtenir l'élan de sympathie espéré de ses partenaires, s'est retrouvé isolé et menacé d'un cordon sanitaire s'il persiste à se délester du problème sur ses voisins.

«Nous avions demandé de la solidarité et l'Europe nous a répondu: débrouillez-vous tout seuls!, a lâché, ulcéré, le ministre italien Roberto Maroni devant la presse. Je me demande si cela a encore un sens de faire partie de l'Union européenne. Mieux vaut être seul qu'en mauvaise compagnie…»

Accord de façade

Signal du raidissement à l'intérieur de l'UE, Claude Guéant a martelé que Paris utilisera «tous les moyens de droit» pour faire appliquer les textes et renvoyer de l'autre côté de la frontière les migrants tunisiens en situation irrégulière. «Si les conditions ne sont pas remplies lors des vérifications de la police française, la France est en droit de faire réadmettre par l'Italie la personne qui ne les remplit pas, assure le ministre de l'Intérieur. C'est précisément ce que nous allons faire.»

Soixante-douze heures après avoir affiché un accord de façade à Milan, Claude Guéant et Roberto Maroni campent sur leurs divisions. Le ministre français a dénoncé lundi la délivrance de permis italiens qui «ne sont pas en stricte conformité avec l'Europe de Schengen». Il vient de décider la mobilisation d'une compagnie de CRS supplémentaire «pour des contrôles serrés et extrêmement vigilants» près de la frontière, dans les gares et les aéroports. Depuis un mois, précise-t-il, 2800 Tunisiens ont été interpellés en provenance d'Italie et 1700 renvoyés dans ce pays.

Risque d'explosion

À demi-mots, d'autres Européens ont fait savoir lundi à l'Italie qu'ils sont prêts à rétablir sans délai des contrôles frontaliers afin d'endiguer le flot, plutôt que de laisser le public s'enflammer contre l'immigration et faire exploser du même coup l'espace sans frontière de Schengen. «Introduire de nouveaux contrôles n'est peut-être pas dans l'intérêt de l'Europe, a averti le ministre allemand Hans-Peter Friedrich. Mais nous sommes prêts à le faire si nécessaire.»

L'Autriche, par la voix de la ministre Maria Fekter, s'inquiète, elle aussi, de l'effet en retour dans l'opinion. «Laisser entrer des gens qui ne peuvent se nourrir par leurs propres moyens, qui ne peuvent prouver qu'ils ont des ressources ne ferait que préparer le terrain à la criminalité et, en tant que responsable de la sécurité, je ne peux l'autoriser», dit-elle. La Suisse, extérieure à l'UE mais intégrée à l'espace Schengen, abonde dans le même sens. Elle vient de renvoyer en Italie plusieurs dizaines de migrants tunisiens

12/4/2011

Source : Le Figaro

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