mercredi 27 novembre 2024 15:41

L’Exposition «j’ai deux amours» : images et émotion autour de l’immigration

Il reste plusieurs semaines pour aller voir à Paris, à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, l’exposition temporaire intitulée «J’ai deux amours»*.

Pour l’exposition «Jai deux amours», Hou Hanru, Evelyne Jouanno et Isabelle Renard, commissaires de l’exposition ont sélectionné 106 œuvres parmi le fonds d’art contemporain du Musée national de l’histoire de l’immigration et imaginé un parcours en cinq thèmes : départ, voyages, circulations, entre rêve et nécessité, frontières : passages et contrôles, vivre ensemble, réinventer son univers. Ces thématiques sont celles du musée, et toutes les œuvres présentées sont la propriété de l’institution qui, parmi ses attributions, collecte la mémoire de l’immigration. Et c’est justement tout l’intérêt de cette exposition de démontrer, présentation des œuvres à l’appui, que l’immigration est vivante et qu’elle a donné, ces dernières années, naissance à une kyrielle d’artistes** qui se sont accaparés leur histoire.

Isabelle Renard, qui nous a fait visiter «J’ai deux amours», est tout à fait claire dans la présentation qu’elle en fait dans le dossier de presse de l’événement : «Les notions de frontières, de territoire, d’exil, de même que l’enrichissement d’existences en mouvement sont au cœur de la démarche d’un grand nombre d’artistes français ou étrangers travaillant pour la plupart en France.» Il s’agit d’«éveiller l’attention et la sensibilité du spectateur sur les questions soulevées par l’histoire de l’immigration».

Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est réussi. Les artistes exposés nous transportent sans détour dans leur imagination nourrie au réel de la vie de l’immigré, la leur ou celles de leurs aînés. L’immigré, longtemps, a été celui qui n’a pas de parole. Même son chant était réservé à l’entre-soi des cités de travailleurs ou des cafés communautaires. L’immigré n’avait pas de regard, et bien non, la cité nationale de l’immigration démontre le contraire. Dans le mouvement, la descendance de ces générations de voyageurs sait rendre la vue et l’expression aux exilés. L’exil se fait présence. Comme l’écrit Isabelle Renard, «aborder le fait migratoire par le biais de l’art contemporain, c’est envisager un autre type de langage. Non que l’œuvre d’art offre une vérité ou un message plus important que celui de l’historien, du sociologue ou de l’ethnologue. Les œuvres sont des pensées en images, en vidéos, en sculptures».

Dans le même temps, cela replace l’immigration dans la réalité mouvante de la société française, une mouvance qui s’inscrit dans la durée, n’en déplaise aux démangeaisons politiques d’exclusion. En ces temps électoraux, on sort requinqué de cette exposition ; le reste est du domaine de l’indicible, de ce qui ne peut se dire. Le ressenti du visiteur de l’exposition est mis à contribution afin que chacun apporte son regard, sa touche personnelle. Touché dans sa chair par le phénomène de l’immigration, ou simple observateur distant des œuvres, chacun en tout cas ne peut qu’en ressortir ému.

Source : El Watan

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