jeudi 28 novembre 2024 07:36

L'immigration s'invite dans la présidentielle américaine

L'immigration s'invite dans la présidentielle américaine

Le poids croissant de la communauté hispanique aux Etats-Unis dans l'électorat (près de 12 millions de voix, soit 9 % des votes) remet sur le tapis le débat sur l'immigration à l'approche des élections alors qu'il est au point mort, ou presque, depuis la dernière campagne présidentielle. Aujourd'hui et demain, Mitt Romney et Barack Obama vont se succéder à Miami devant la National Association of Latino Elected Officials et s'expliquer sur leurs positions respectives.

En matière de réforme, rien n'a progressé depuis l'élection de Barack Obama. Le « Dream Act », un texte introduit pour la première fois en 2001, qui permettrait à des enfants venus illégalement aux Etats-Unis d'obtenir la citoyenneté américaine, a échoué à nouveau au Sénat en 2010. Seuls certains Etats fédérés sont parvenus à légiférer, et ils ont pour la plupart passé des textes de nature répressive vis-à-vis de la population clandestine (Alabama, Mississippi...). La Cour suprême doit d'ailleurs se prononcer aujourd'hui ou dans les tout prochains jours sur la validité d'une loi votée en Arizona en 2010 qui autorise la police à arrêter sans mandat toute personne qui serait susceptible d'être un immigré clandestin.

Un geste d'ouverture

De son côté, l'administration Obama n'a pas hésité à jouer la carte de la répression, augmentant à leur plus haut niveau le nombre d'agents chargés de patrouiller les frontières (20.000) et multipliant les expulsions : 400.000 en 2011 selon l'US Immigration and Customs Enforcement Agency. Selon une enquête récente de « Time Magazine », les Etats-Unis ont expulsé depuis 2008 1,6 million de personnes contre 1,2 million sur les deux mandats de George Bush.

Ce mois-ci, pourtant, Barack Obama a eu un geste d'ouverture dont l'objectif est de gagner des voix et de court-circuiter un Congrès inactif. Le président a demandé à ses agents de ne plus expulser des immigrés clandestins de moins de 30 ans, qui seraient arrivés aux Etats-Unis avant l'âge de 16 ans et qui n'ont pas de casier judiciaire. Environ 800.000 personnes seraient concernées. Il s'en est expliqué dans un éditorial de « Time Magazine » paru le 17 juin : « Il ne fait aucun sens d'expulser des jeunes qui ont été élevés comme des Américains et qui ne connaissent que ce pays », écrit-il, appelant une nouvelle fois les parlementaires à passer cette année le Dream Act. Le président vise large et au-delà de la seule communauté des Latinos. En effet, selon un rapport récent du Pew Research Center, ce ne sont plus les Hispaniques qui arrivent en masse aux Etats-Unis. Depuis 2010, ils ont été supplantés par les Asiatiques (430.000 contre 370.000).

Construction d'un mur

Hier après-midi à Orlando, Mitt Romney a critiqué la dernière mesure du président, qu'il juge électoraliste. « Ma réponse est que je mettrais en place ma propre solution de long terme qui remplacera la mesure temporaire du président », a-t-il déclaré, sans détailler. Aujourdhui, on sait qu'il est partisan de la construction d'un mur sur toute la frontière Sud et opposé à toute amnistie. Il s'est déclaré comme « pro-immigrant », pourvu que celui-ci ait les papiers nécessaires.

BUREAU DE NEW YORK

22/06 / 2012, virginie Robert

Source : Les Echos.fr

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