jeudi 28 novembre 2024 02:44

L'intégration attise les tensions politiques en Belgique

Des incidents déclenchés par l'interpellation mouvementée jeudi d'une femme portant le voile intégral à Molenbeek, une commune de Bruxelles, ont enflammé le débat politique à quelques mois des élections communales prévues en octobre en Belgique.
Le maire de Molenbeek, Philippe Moureaux, vice-président du Parti Socialiste, a déploré samedi les prises de positions critiques du parti Libéral (MR), dont l'un des chefs de file, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, a dénoncé la faillite des politiques d'intégration menées par la gauche.

"Ils ne font pas ça pour l'intégration, mais purement par calcul politique et électoral: clairement ils ont choisi la ligne Sarko (ndlr: Sarkozy)", a-t-il accusé.

"Ils ont vu que le candidat de droite en France avait reconquis de l'électorat en durcissant son discours sur l'immigration, Le MR a adopté cette stratégie (...) La moralité politique, c'est visiblement le genre de chose qui ne les embarrasse pas: il faut tout faire pour gagner", a-t-il ajouté.

Socialistes et Libéraux sont associés avec les chrétiens démocrates au sein du gouvernement de coalition dirigé par le socialiste Elio di Rupo.

Philippe Moureaux a décidé vendredi d'interdire provisoirement les rassemblements de plus de cinq personnes dans sa communes après des échauffourées qui ont suivi l'interpellation mouvementée jeudi d'une femme portant le voile intégral.

La ministre de l'Intérieur Joëlle Milquet a demandé une enquête approfondie sur les faits qui ont déclenché ces incidents.

Un député socialiste de Bruxelles, Jamal Ikazban, victime d'une bavure policière au cours de ces incidents, a dénoncé "des provocations de part et d'autre" dans un entretien publié samedi par le quotidien Le Soir.

Il s'est rendu sur place jeudi pour tenter de calmer les esprits et met en cause un groupuscule islamiste radical installé à Anvers (nord), Sharia4Belgium, qu'il accuse d'avoir attisé les tension. Mais il dénonce également la brutalité des policiers fédéraux envoyés à Molenbeek après avoir été tabassé par plusieurs d'entre-eux. L'élu a indiqué avoir porté plainte.

"L'interpellation de la dame a eu lieu à Jette (une commune limitrophe) et on a du l'emmener au commissariat de Molenbeeck parce qu'elle n'acceptait de se découvrir que devant une femme", a-t-il expliqué.

"Des groupes liés à Sharia4Belgium sont arrivés et ont excité la population, faisant courir la rumeur que la femme avait été violée", a-t-il ajouté.

La femme interpellée, une Belge convertie, s'est rebellée au commissariat. Au cours d'un conférence de presse organisée vendredi par Sharia4Belgium, elle a expliqué avoir donné un coup de tête qui a cassé le nez et deux dents d'une des policières par légitime défense.

Le porte-parole de Sharia4Belgium, Fouad Belkacem, a pour sa part dénoncé l'interdiction du port du niqab en Belgique comme une discrimination contre les musulmans.

"Au commissariat, ils lui ont demandé d'enlever son niqab pour la fouiller. Elle a refusé, car notre religion interdit de montrer son corps à des mécréants", a-t-il indiqué, cité par les média.

"Les policières ont fait venir trois policiers qui ont déchiré son niqab et ses sous-vêtements", a-t-il raconté.

"Nous n'avons pas un gramme de respect pour vous, mécréants, ni pour votre façon de vivre. Notre religion et notre mode de vie sont supérieurs aux vôtres", a-t-il lancé au terme de la conférence de presse.

La Belgique a interdit le port du niqab ou de la burqa sur la voie publique en juillet 2011. Les contrevenants sont passibles d'une condamnation à 7 jours de prison et/ou d'une amende de 137,5 euros.

Selon les données fournies par la sureté de l'Etat, moins de 200 femmes porteraient ces voiles en Belgique.

02 juin 2012

Source : AFP

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