lundi 25 novembre 2024 00:10

L'Italie légifère contre l'exploitation des travailleurs agricoles

Le Parlement italien a adopté mardi soir une loi prévoyant prison ferme, amendes et confiscations de biens pour les employeurs et intermédiaires exploitant des centaines de milliers de travailleurs agricoles à travers le pays.

Approuvé en août par le Sénat, le texte salué comme "un pas en avant extraordinaire" par les syndicats a été adopté par la Chambre des députés avec 346 pour, 25 abstentions et aucune voix contre.

Selon un rapport du syndicat CGIL en mai, environ 430.000 travailleurs agricoles, Italiens et étrangers, sont "victimes" de graves formes d'exploitation du Nord au Sud de l'Italie, 30 à 50.000 de plus que l'année dernière.

Par ce système dit du "caporalato", les travailleurs saisonniers sont payés entre 22 et 30 euros, soit la moitié de la rémunération légale, pour des journées de 8 à 12 heures dans des exploitations agricoles ou des entreprises du bâtiment.

Beaucoup travaillent au noir, tandis que d'autres ont des contrats légaux mais tous voient leur salaire réduit à peau de chagrin par le "caporale", un intermédiaire souvent local qui leur facture au prix fort le transport l'hébergement ou encore les bouteilles d'eau dans les champs écrasés de chaleur.

Et si une partie de ces exploités sont Italiens, les "caporali" peuvent à présent compter sur une main-d'oeuvre particulièrement vulnérable: les dizaines de milliers de migrants arrivés depuis 2013 en Italie et en situation irrégulière parce qu'ils n'ont pas déposé de demande d'asile ou qu'elle a été rejetée.

A l'été 2015, la mort de plusieurs ouvriers agricoles apparemment tombés d'épuisement dans les champs avaient poussé le gouvernement à multiplier les contrôles et renforcer les sanctions.

La nouvelle loi prévoit jusqu'à six ans de prison ainsi que 1.000 euros d'amende par personne exploitée pour les employeurs comme les intermédiaires, ainsi que la confiscation de leurs biens, une mesure qui a déjà fait ses preuves dans la lutte contre les organisations mafieuses.

Le texte prévoit aussi une indemnisation des victimes et des mesures pour soutenir les saisonniers et favoriser leur transport, dans des conditions correctes, vers les exploitations.

"Maintenant, nous aurons plus d'instruments utiles pour continuer une bataille qui doit être quotidienne, parce qu'on ne négocie pas quand il y va de la dignité des personnes", a commenté le ministre de l'Agriculture, Maurizio Martina.

18 oct 2016

Source : APS

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