vendredi 29 novembre 2024 11:22

L’UE cherche à impliquer davantage le Maroc dans sa lutte contre la migration irrégulière

Le débat sur le rôle du Maroc dans la lutte contre la migration irrégulière est de nouveau sur la table. L’Europe veut plus d’implication du Royaume ainsi que de ses voisions de la rive Sud de la Méditerranée afin de freiner les flux de migrants.  Tel est le cas de l'Autriche qui est en faveur de l'ouverture de centres d’accueil de  réfugiés en Afrique du Nord, gérés par des ONG ou de l’Italie qui souhaite impliquer le Maroc et la Tunisie dans les opérations de sauvetage menées en Méditerranée. 

Certaines voix européennes vont plus loin. Elles estiment que les pays du Sud doivent prendre leur part de responsabilité et initier des processus de réinstallation de migrants sur place qui soient à même de fournir des lieux sûrs pour les candidats à l’immigration  et de les protéger des trafiquants d'êtres humains.

Pour Stéphane Julinet, responsable juridique, volet "Droits et Migration", du GADEM, l’Europe ne fait que renvoyer la balle vers les pays du Sud sans pour autant poser les vraies questions. « L’UE se défausse de ses responsabilités et   incrimine les pays du Sud sans oser remettre en cause sa propre  politique de migration », nous a-t-il déclaré avant d’ajouter que les solutions proposées par certains pays européens n’ont rien de nouveau et qu’elles ont été seulement remises au goût du jour. 
Notre source va plus loin. Elle estime que  la réunion d’urgence qui a rassemblé avant-hier les ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur de l'Union européenne (UE) au Luxembourg ainsi que les dix propositions d'action pour lutter contre les migrations irrégulières initiées par la Commission européenne ne sont qu’une simple opération de communication induite par la pression de l’opinion publique et les critiques qui ont dénoncé la passivité du Vieux Continent face aux  drames qui se succèdent en Méditerranée. « L’Europe veut montrer qu’elle est active et qu’elle réagit.
D’ailleurs, ses effets d’annonce ne vont pas lui coûter fort cher ». Même son de cloche de Hassan Ammari, spécialiste des questions migratoires et de l’asile. Pour lui, l’Europe a toujours opté pour une politique de l'autruche et la dernière réunion du Luxembourg n’est qu’une simple réaction à chaud.  « Les drames survenus cette semaine étaient prévisibles et l’UE est restée les bras croisés alors que depuis l’arrêt de l’opération Mare Nostrum et son remplacement par  l'opération Triton de Frontex, les alertes n’ont cessé d’être lancées par les ONG», nous a-t-il précisé. 

Nos deux sources sont unanimes à considérer que la politique migratoire de l’UE se résume en un seul mot : bloquer les migrants au  Sud de la Méditerranée. « La politique européenne de migration est purement sécuritaire marquée par le renforcement des mesures de contrôle et de surveillance loin de toute approche globale qui intègrerait les pays du Sud », nous a indiqué Hassan Ammari, tout en estimant que la solution de ce dossier passe par un partenariat réel entre les pays du Nord et du Sud, basé sur le principe de la liberté de circulation. Un partenariat qui doit également prendre compte de la situation politique et socioéconomique dans les pays du Sud, a conclu notre source.  

22 Avril 2015, Hassan Bentaleb

Source : Libération

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